François Hollande a arrêté une nouvelle carte des régions, dont le nombre passera de 22 à 14. La fusion de la Bretagne et des Pays de la Loire est écartée. Une décision qui provoque la colère des partisans de la réunification.
C'est un serpent de mer de la politique française: le redécoupage territoriale. Le président François Hollande a finalement préconisé, lundi 2 juin, une réduction du nombre des régions françaises de 22 à 14. Plusieurs entités régionales pourraient ainsi procéder à des mariages administratifs à l’image de la Picardie et de la Champagne-Ardenne ou encore de l’Alsace et de la Lorraine. À l’inverse, après de multiples tergiversations, pas de changement pour les régions Bretagne et Pays de la Loire.
Une solution reçue très favorablement par le président PS de la région des Pays de la Loire qui l’a qualifiée de "raisonnable". Jacques Auxiette s’est félicité dans un communiqué que "l’unité" ait été préservée, alors qu’une fusion de sa région avec celle du Poitou-Charentes, soutenue par la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, avait été évoquée.
"La politique du 'ni-ni'"
Mais le choix du statu quo ne sied pas à tout le monde. Dans les rangs politiques, de nombreuses voix se sont fait entendre pour exprimer leur perplexité. Sur son compte twitter, l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault a rappelé qu’il était favorable à une "fusion Pays de la Loire-Bretagne autour des métropoles Nantes et Rennes" et ce "dans l’intérêt des populations". Sa successeur à la mairie de Nantes, Johanna Rolland, a elle aussi twitté dans son sens. "Pour l’avenir de nos territoires et de ses habitants, fusion Pays de Loire/Bretagne : Mobilisons nous".
Dans l’opposition, le président UMP du conseil général de Vendée, Bruno Retailleau, a aussi vivement critiqué la prise de position du chef de l’État : "François Hollande fait du François Hollande, une politique du 'ni-ni'. Ni fusion avec la Bretagne, ni constitution d’une grande région arc Atlantique Bretagne/Poitou-Charentes/Pays de la Loire".
"La solution de l’immobilisme"
Mais ce sont dans les rangs des partisans de la réunification de la Bretagne que la colère est la plus manifeste. Depuis des années, les manifestations s'enchaînent pour réclamer le retour de la Loire-Atlantique dans le giron breton. "Hollande confirme Vichy", s’est ainsi insurgé le député Breton UMP Marc Le Fur en faisant référence au décret signé par le Maréchal Pétain en 1941 et qui séparait ce département du reste de la Bretagne. "M. Hollande est sourd, il n'a écouté ni les ministres bretons, ni les parlementaires de Bretagne, ni les acteurs économiques, ni le monde culturel, personne", a-t-il ajouté sur son blog personnel.
Le collectif 44=BZH qui milite pour cette réunification a lui aussi fait connaître son incompréhension. À l’image du député UMP, il estime que le gouvernement est en décalage par rapport aux attentes de la population et que les politiciens locaux cherchent seulement à conserver leurs prérogatives en Bretagne et aux Pays de la Loire. "C’est le règne dévoilé des barons locaux où, à la cour de l’Élysée, celui qui use des plus sombres tours pour préserver son domaine se voit récompenser", peut-on lire sur le site du collectif. "Quel spectacle honteux pour la démocratie. Nous réclamons la possibilité pour les citoyennes et les citoyens de participer à la réforme de leur espace régional (…) Les citoyens ne sont pas des pions dont on peut changer le cadre démocratique et institutionnel sans consultation".
Du côté des Bonnets rouges, fer de lance de la récente contestation sociale en Bretagne contre l’écotaxe ou encore les nombreux plans sociaux, la déception est tout aussi grande. Le maire de Carhaix, Christian Troadec, l’un des leaders de ce mouvement, a jugé cette décision "révoltante". "L’avenir de la Bretagne a donc une nouvelle fois été décidé par des technocrates dans un bureau à Paris", a-t-il contesté. "La réparation historique doit s’effectuer. Nantes doit retrouver la Bretagne administrative immédiatement", a-t-il aussi affirmé dans un communiqué tout en appelant "à la résistance".
Des manifestations pour la réunification de la Bretagne ont déjà été annoncées pour mardi soir devant les préfectures des quatre départements bretons, ainsi que devant celle de la Loire-Atlantique à Nantes. Ces rassemblements sont notamment soutenus par plusieurs grands noms de la région. Un collectif d’artistes mené par le groupe Tri Yann et qui compte également Alan Stivell, Dan Ar Braz, ou encore Gilles Servat a exprimé son soutien à la "renaissance de leur vraie région". Ils s’appuient notamment sur les derniers sondages publiés dans la presse régionale qui montrent que 63 % des habitants de la Loire-Atlantique et 57% des Bretons sont favorables à ce rattachement.