Hamdine Sabahi, l'adversaire d'Abdel Fattah al-Sissi à la présidentielle égyptienne, reconnaît sa défaite mais conteste les chiffres provisoires qui octroient plus de 96 % des voix au maréchal. Il a déposé plainte auprès de la commission électorale.
"Une insulte à l’intelligence des Égyptiens" : c’est en ces termes qu’Hamdine Sabahi, candidat malheureux à l’élection présidentielle égyptienne, désigne le résultat des votes qui ont porté le maréchal Abdel Fattah al-Sissi à la tête de l’État. Si Sabahi reconnait sa défaite, il conteste officiellement les chiffres avancés. Le résultat officiel de l’élection n’a toujours pas été annoncé mais, selon des sources judiciaires, le maréchal Sissi aurait obtenu 96 % des voix contre 3,8 % seulement pour son adversaire de gauche.
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Dans un communiqué publié vendredi, l’équipe de Sabahi annonce avoir déposé une plainte auprès de la commission électorale pour dénoncer, entre autres "irrégularités", "la campagne menée par les partisans de Sissi jusque dans les bureaux de vote".
Les partisans de Sabahi demandent aussi l’annulation des suffrages déposés lors du troisième jour du scrutin, qui n’aurait dû en compter que deux. Les autorités avaient décidé mardi, à la dernière minute, de prolonger le vote d’une journée en raison de la faible participation.
Un plébiscite prévisible
L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a remporté, comme prévu, une victoire écrasante, 11 mois après avoir destitué l'islamiste Mohamed Morsi et éliminé toute opposition, religieuse ou laïque. Unique adversaire, Hamdine Sabahi, une vieille figure de la gauche, a été considéré par beaucoup comme un simple faire-valoir.
Cette victoire de Sissi, véritable plébiscite, était courue d'avance dans un pays où toute voix dissidente est réprimée et les opposants décimés, emprisonnés ou poursuivis par la justice. Les pro-Morsi ont été les premières victimes de l'implacable répression des autorités qui a fait plus de 1 400 morts, quelque 15 000 arrestations et des centaines de condamnations à mort expéditives. Les mouvements de la jeunesse progressiste et laïque ont ensuite été les cibles des forces de l'ordre et de la justice, qui a interdit leur mouvement principal.
Les observateurs de l'Union européenne ont estimé que cette élection avait "respecté la loi" mais ont regretté l'absence de "certains acteurs" de l'opposition. Washington a fait part de son inquiétude quant au climat politique ayant précédé le scrutin.
"Nous restons inquiets, de manière plus générale, quant à l'environnement de restrictions politiques qui a précédé ces élections [...] y compris des arrestations politiques et des limitations à la liberté de la presse. La démocratie c'est plus que des élections et nous continuerons à faire pression pour que des progrès soient réalisés dans tous ces domaines", a indiqué Jen Psaki, porte-parole du département d'État américain.
Avec AFP et Reuters