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Aucune élection enThaïlande avant un an, prévient la junte

Le chef de la junte militaire qui vient de prendre le pouvoir en Thaïlande a annoncé, vendredi 30 mai, qu'aucune élection ne serait prévue avant au moins un an, le temps de "réconcilier" le pays et les différents camps pro et anti-Shinawatra.

Un peu plus d'une semaine après un coup d'État très critiqué par la communauté internationale, le chef de la junte qui vient de prendre le pouvoir en Thaïlande, a annoncé, vendredi 30 mai, qu'aucune élection ne serait organisée avant au moins un an. D’ici là, un "conseil des réformes" sera aux commandes du pays - institution qui ressemble fort au "conseil du peuple" réclamé par l'opposition au gouvernement déchu.

Le général Prayut Chan-O-Cha a délivré un discours télévisé pour préciser son "agenda d'un an et trois mois pour s'acheminer vers des élections". Cette "feuille de route" prévoit une "première étape" de "réconciliation" nationale pendant deux ou trois mois, dans un pays profondément divisé entre partisans et détracteurs de Thaksin Shinawatra, milliardaire devenu Premier ministre, puis renversé par un coup d'État en 2006.

La "deuxième étape" devrait permettre la mise en place "de réformes", "sans conflits". La troisième étape correspond à "des élections générales avec un système démocratique absolu qui soit acceptable par toutes les parties", assure le général Prayut.

Ce plan de la junte militaire ressemble fort au programme des manifestants d'opposition qui ont réussi, après sept mois de mobilisation, à faire intervenir l'armée dans le conflit politique afin de renverser le gouvernement. Ces derniers réclamaient la mise en place d'un "Conseil du peuple", non élu, le temps d'adopter des réformes avant toute nouvelle élection, dans un délai de plus d'un an, faisant douter de leur attachement à la démocratie.

"Depuis [le coup d’État], il y a du bonheur"

"Les Thaïlandais ne sont probablement pas heureux depuis neuf ans, comme moi", a expliqué le général Prayut, dans une allusion aux crises cycliques depuis le putsch contre Thaksin, qui reste malgré son exil de nourrir les divisions. "Depuis le 22 mai (date du nouveau coup d'État), il y a du bonheur", a assuré le général, qui a fortement restreint les libertés publiques, avec censure, couvre-feu et interdiction de manifester.

"Les lois seront modifiées afin que nous puissions avoir des personnes honnêtes et bonnes pour diriger le pays", a-t-il encore déclaré, alors que les analystes redoutent que la nouvelle Constitution soit encore plus draconienne que celle rédigée par la précédente junte en 2007.

Les manifestants d'opposition, qui ont manifesté pendant sept mois à Bangkok pour faire tomber la Première ministre Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, étaient le fer de lance des élites royalistes selon les annalystes, les élites souhaitant se débarasser du "système Thaksin" alors que le roi Bhumibol, au rôle symbolique fort, a 86 ans.

Assurant "ne rien attendre en retour", le général Prayut a appelé la communauté internationale à comprendre que la Thaïlande avait "besoin de temps pour changer les attitudes, les valeurs" et "améliorer la démocratie".

Avec AFP