
François Hollande a convoqué le Premier ministre Manuel Valls et plusieurs ministres, au lendemain de la victoire du Front national et d'une nouvelle débâcle du PS aux européennes. L’exécutif estime que "des leçons doivent être tirées".
Réagir vite. Durement désavoué par le faible score du PS et secoué par les 25% recueillis par Front national (FN) lors des élections européennes, François Hollande a tenté, dès lundi matin, de tirer les leçons du choc électoral qui ébranle la France et l'Europe.
François Hollande a convoqué à la première heure, lundi matin à l'Élysée, le Premier ministre Manuel Valls ainsi que de plusieurs ministres - Laurent Fabius, Michel Sapin, Bernard Cazeneuve, Stéphane le Foll et Harlem Désir. La réunion est destinée à préparer la rencontre, mardi, des chefs d'États et de gouvernement européens à Bruxelles. Mais elle doit surtout servir à "tirer les leçons" de cet "événement majeur", comme l'a indiqué l'Élysée dès dimanche soir.
"L’Élysée a voulu envoyer un signal, montrer qu’elle prenait la mesure du scrutin", explique Antoine Mariotti, envoyé spécial de FRANCE 24 à l’Élysée : "Il faut des gestes fort de la part de l’exécutif et François Hollande n’a plus de munition : il a déjà remanié son gouvernement, il a déjà changé son Premier ministre, dissoudre l’assemblée serait suicidaire", note-t-il. François Hollande s'exprima mardi soir à Bruxelles lors d'une conférence de presse, à l'issue de la rencontre européenne.
Valls poursuit sa ligne
En attendant, c'est le Premier ministre qui occupe le terrain. Interrogé lundi matin sur RTL, Manuel Valls, sous le choc du "séisme de la veille", a déclaré que des gestes étaient prévus dans le cadre de la prochaine loi de finances. Il a prôné "de nouvelles baisses d'impôts, notamment de l'impôt sur le revenu parce que cette fiscalité pèse lourdement sur les couches populaires et sur les classes moyennes. Il le faut parce que c'est devenu insupportable", a dit Manuel Valls.
Le Premier ministre, qui avait déjà annoncé qu'il n'y aurait pas de "changement de gouvernement" ni de "ligne économique" malgré la déroute électorale, n'a fait que confirmer sa détermination à réduire la pression fiscale, sans annoncer de nouvelles salves de baisses d'impôts. Nommé après la très lourde défaite de la gauche aux municipales de mars, il a réaffirmé ses priorités - baisse du déficit, soutien aux entreprises pour relancer l'emploi - tout en concédant que le lien avec les Français était rompu en l'absence, pour l'heure, de résultats tangibles.
Il a néanmoins cherché à prouver sa détermination et son engagement à redresser la barre. " Je me suis engagé par conviction européenne, parce que je suis convaincu que la place de la France est en Europe, parce que je suis convaincu que l’Europe peut être réorienté pour soutenir la croissance. (…) Je ne vais pas laisser la place à l’extrême droite, aux valeurs qui sont contraires à celles de mon pays", a-t-il ajouté.
Score historiquement bas le PS
Deux mois après la claque des municipales, le Premier ministre a jugé "préoccupant" que les électeurs socialistes se soient "une nouvelle fois massivement abstenus" aux européennes, dont les résultats ne l'ont pas surpris. "Il y a eu l'abstention massive, une nouvelle fois, des électeurs socialistes" et "c'est ça qui est évidemment préoccupant car, tant que nous n'avons pas réussi à les convaincre que nous sommes sur la voie du redressement, ils continueront à émettre des doutes".
Pour le Parti socialiste, le revers est effectivement sévère. Le parti au pouvoir a enregistré un score historiquement bas, en deçà de celui de 1994. Selon la totalisation quasi-définitive du ministère de l'Intérieur, le PS (et son allié le PRG) est le grand perdant du scrutin avec un score de 13,97%, soit 13 sièges. Le PS arrive loin derrière l'UMP (environ 20%) et très loin derrière le Front national en tête avec 24-25% des voix.
Avec AFP et Reuters