
Loin derrière son rival Peter Mutharika, la présidente sortante Joyce Banda a décidé samedi d'annuler l’élection présidentielle en invoquant de "graves irrégularités". La commission électorale juge, elle, le scrutin "valide".
Elle a décidé que le scrutin était "nul et non avenu". La présidente du Malawi, Joyce Banda, a tout bonnement décidé d’annuler, samedi 24 mai, l'élection présidentielle en invoquant de "graves irrégularités" dans le scrutin du 20 mai. Le scrutin était en passe d'être remporté par son principal rival Peter Mutharika,
Au pouvoir depuis 2012, Joyce Banda a déclaré qu’un nouveau vote dans ce petit pays d'Afrique australe devrait se tenir dans les 90 jours à venir – et qu’elle ne serait pas candidate."En tant que présidente, j'ai utilisé les pouvoirs que me confère la Constitution pour déclarer les élections nulles et non avenues", a-t-elle lancé.
>> À lire sur FRANCE 24 : Joyce Banda, la femme la plus influente d'Afrique
La présidente sortante a notamment expliqué que les urnes avaient été bourrées, que certains électeurs avaient voté plusieurs fois et que le système de comptage des voix informatique dysfonctionnait. Son rival Peter Mutharika, frère du l’ancien président Bingu wa Mutharika au pouvoir de 2004 à 2012, a dénoncé la décision de la chef de l’État qu’il a jugé "illégale".
Joyce Banda agit "par désespoir"
Ce coup de théâtre intervient quelques heures seulement après l'annonce par la commission électorale de l’avance de Peter Mutharika. Selon des résultats partiels portant sur plus de 30 % des suffrages, Joyce Banda récoltait 23 % des voix contre 42 % pour son rival.
"Pourquoi reconnaître une défaite quand les anomalies n'ont pas été corrigées?", a déclaré Kenneth Msonda, un porte-parole du Parti du peuple, la formation de Mutharika. "Nous avons gagné l'élection", a-t-il assuré.
Le président de la commission électorale, Maxon Mbendera, a affirmé que Joyce Banda n’avait pas le pouvoir d’annuler ces élections et que, malgré des problèmes de comptage électronique, l'élection était "valide". Pour lui, l'attitude de Joyce Banda s'explique par le "désespoir".
Joyce Banda, vice-présidente du Malawi entre 2009 et 2012, avait hérité, à la mort de Bingu wa Mutharika, du fauteuil présidentiel sans passer par la case élection, conformément à la Constitution. L'ancien ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika avait alors tenté de l'écarter pour confisquer le pouvoir à son profit.
Avec AFP