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11-Septembre : les musulmans américains se sentent toujours stigmatisés

Alors que le musée du 11-Septembre a ouvert ses portes le 21 mai à New York, treize ans après l'attaque terroriste, des musulmans américains se sentent encore stigmatisés dans leur propre pays.

Treize ans après les attentats contre le World Trade Center, en 2001, le musée du 11-Septembre a ouvert ses portes au public, le 21 mai à New York. Inauguré la semaine dernière par Barack Obama, le bâtiment est construit sur l'emplacement des anciennes tours jumelles et se veut un lieu de mémoire pour les 2 983 personnes tuées dans l’attaque terroriste. Des victimes parmi lesquelles figurent de nombreux musulmans.

Pourtant, treize ans après, certains de leurs proches se considèrent comme les oubliés du 11-Septembre. Ils sont mis de côté, voire même suspectés, du simple fait que leur confession est la même que celle dont se revendiquaient les terroristes.

Talat Hamdani vit dans une petite rue calme du Queens. C'est là qu'elle a élevé son fils Salman, victime des attentats du 11-Septembre. Il avait 23 ans. Elle se souvient : "La première tour s'était écroulée et tout le monde criait : 'Oh mon dieu, la seconde tour est en train de s'écrouler !' Et je me suis retrouvée en train de pleurer; et je me suis dit : 'Mais pourquoi est-ce que je pleure ? Je n'ai personne là-bas !' Mais c'est là qu'ils ont retrouvé ses restes, au pied de la tour nord..."

Stagiaire au sein de la police new-yorkaise, Salman n'était pas de service ce jour là, mais il s'est précipité vers les tours en feu pour participer aux secours. Sa mère ne l'apprendra que quelques mois plus tard. Au moment même où elle découvrait que son fils était soupçonné du pire pour la seule raison qu'il était d'origine pakistanaise et musulman. "La Une du 'New York Post' était : 'Disparu ou caché ?' (…). Ils ont fait une enquête complète sur lui et bien sûr il n'y avait rien à trouver, comme avec tous les musulmans américains", raconte-t-elle.

Salman Hamdani a été réhabilité en 2002, puis enterré avec les honneurs de la police de New York. Cette mésaventure a poussé Talat à militer en faveur de la lutte contre les discriminations dont ont fait l’objet les musulmans depuis le 11-Septembre. La semaine dernière, elle s'est jointe à un groupe de responsables religieux et associatifs pour dénoncer une vidéo présentée dans l’enceinte du nouveau musée du 11-Septembre qui, selon eux, ne souligne pas suffisamment la différence entre l'immense majorité des musulmans et les islamistes extrémistes.

En signe de protestation, Talat ne s'est pas rendue à l'invitation faite aux familles de victimes. Ce musée, dit-elle, ne fait pas assez pour présenter le visage de l'islam qu'elle connait, celui de la paix. Au milieu des souvenirs émouvants célébrant les victimes, elle aurait souhaité un rappel que les musulmans n'étaient pas seulement du côté des assaillants.

Le site Internet du National September 11 Memorial & Museum