L’armée thaïlandaise a pris le contrôle du pays jeudi, imposant un couvre-feu et suspendant temporairement la Constitution. Les manifestants pro-Thaksin, les chemises rouges, ont promis de rester mobilisés.
En Thaïlande, l'armée a pris jeudi le contrôle du pays, en proie à une crise politique depuis sept mois. Les militaires ont forcé les manifestants à se disperser et ont interdit les rassemblements politiques de plus de cinq personnes. Un couvre-feu a également été instauré sur l'ensemble du territoire entre 22 heures et 5 heures du matin et toutes les stations de radio et de télévision ont cessé la diffusion de leurs programmes habituels, remplacés par des messages du pouvoir militaire.
La Constitution a par ailleurs été temporairement suspendue. Niwattumrong Boonsongpaisan, le Premier ministre renversé et son gouvernement se sont vu "ordonner" de "se présenter" au nouveau régime, qui a pris le nom de Conseil national pour le maintien de la paix et de l'ordre. Plusieurs membres de la famille de l'ancien chef de gouvernement Thaksin Shinawatra, renversé par le précédent putsch de 2006 et qui reste malgré son exil le facteur de division du royaume, sont également convoqués vendredi à 10 heures (locales, 03H00 GMT).
Malgré ce durcissement de la situation, les pro-Thaksin, les chemises rouges, ont annoncé qu'ils entendaient poursuivre leur contestation dans les faubourgs de la capitale. "Nous n'irons nulle part. Ne cédez pas à la panique car nous nous attendions à cela. Ce qui doit arriver arrivera", a lancé le leader, Jatuporn Prompan.
"Coup d'État"
La communauté internationale, de l'ONU à l'UE, en passant par les États-Unis, a condamné le putsch, réclamant un retour rapide à un gouvernement démocratique. Le secrétaire d'État américain John Kerry a déclaré qu'il n'y avait "pas de justification à ce coup d'État militaire", prévenant de conséquences "négatives" entre les deux alliés, notamment en matière de coopération militaire.
Le président François Hollande, lui, a demandé des élections et le respect des "droits et libertés fondamentaux".
Le royaume compte désormais 19 coups d'État ou tentatives en quelque 80 ans. Le précédent, en 2006, a entraîné une série de crises politiques faisant descendre tour à tour dans la rue les ennemis et les partisans de Thaksin.
La crise actuelle n'en est que le dernier soubresaut. Elle avait commencé à l'automne par des manifestations réclamant le départ de sa soeur Yingluck, au pouvoir depuis 2011. Elle a été destituée par la justice début mai, mais les manifestants demandaient toujours la fin du "système Thaksin", qu'ils associent à une corruption généralisée.
Avec AFP et Reuters