
Un condamné à mort a obtenu un sursis de quelques heures, mardi, dans le Missouri. Trois semaines après une exécution qui avait virée au supplice, cet homme, malade, affirme qu'il pourrait mourir dans d'atroces souffrances lors de l'injection létale.
Trois semaines après la longue agonie d'un condamné à mort en Oklahoma, une exécution prévue mardi 20 mai au soir dans le Missouri a été suspendue pour quelques heures par un juge de la Cour suprême américaine. L'exécution de Russell Bucklew est susceptible de se produire jusqu'à mercredi minuit (05H00 GMT jeudi) dans la ville de Bonne Terre.
Une heure avant le début du créneau de 24 heures prévu pour l'exécution, le juge Samuel Alito, chargé du Missouri à la Cour suprême, a décrété un sursis temporaire le temps que la haute Cour puisse trancher dans son ensemble dans la journée de mercredi.
Le condamné invoque le 8e amendement
Condamné à mort pour le meurtre de son rival amoureux et le viol de son ancienne compagne, Russell Bucklew souffre de tumeurs vasculaires et de troubles circulatoires. Il affirme qu'une exécution par injection lui ferait endurer les mêmes souffrances que Clayton Lockett, qui avait agonisé pendant 43 minutes après l'injection d'un nouveau cocktail létal – contre 10 habituellement –, le 29 avril en Oklahoma.
Russell Bucklew avait demandé mardi le report de son exécution à une Cour d'appel ainsi qu'à la Cour suprême, en s’appuyant sur le 8e amendement de la Constitution qui interdit les "châtiments cruels et inhabituels". Il a en outre contesté la règle du secret d'État sur la provenance des barbituriques utilisés pour les exécutions.
Vers une nouvelle jurisprudence
Cette affaire illustre combien les procédures d'injection létale sont devenues sujet de polémique aux États-Unis depuis que les 32 États pratiquant la peine capitale sont confrontés à une pénurie de barbituriques. La Cour suprême pourrait en profiter mercredi pour se saisir de l'affaire et créer une jurisprudence, alors que les recours se multiplient devant les tribunaux pour contester l'origine des nouveaux produits utilisés, le secret qui les entoure et les souffrances anticonstitutionnelles que les condamnés risquent d'endurer.
Selon un sondage, 59 % des Américains restent favorables à la peine capitale, tandis que 35 % y sont opposés. Mais les deux tiers des 800 personnes interrogées prônent une autre méthode d'exécution que l'injection létale, comme la chaise électrique, la chambre à gaz, le peloton d'exécution et la pendaison.
Avec AFP