
Pour la première fois, l’administration américaine a inculpé, lundi 19 mai, des ressortissants étrangers pour cyberespionnage. Cinq membres de l’armée chinoise sont accusés d’avoir orchestré des opérations contre des entreprises américaines.
Les États-Unis ont sorti l’artillerie lourde dans leur campagne contre le cyberespionnage chinois. L’Administration américaine a lancé, lundi 19 mai, des poursuites judiciaires contre cinq officiers de l’armée chinoise pour leur implication présumée dans des attaques informatiques. Six entreprises américaines auraient ainsi été victimes des cyberpirates chinois.
Il s’agit d’une première dans l’histoire américaine : les autorités n’ont jamais, auparavant, utilisé l’arme judiciaire contre des représentants d’un État étranger dans des affaires de cybercriminalité. Le procureur général des États-Unis, Éric Holder, et des représentants du FBI ont précisé l’ampleur du “cyberpillage” made in China lors d’une conférence de presse à Washington.
Ils ont ainsi, pour la première fois, spécifié quelles sont les entreprises victimes des pirates informatiques chinois. Il s’agit, entre autres, de groupes du secteur de la métallurgie tels qu’United States Steel Coporate, Alcoa, ou encore Allegheny Technologies. Les autres cibles relèvent du secteur de l’énergie atomique et solaire.
Les noms* des personnes poursuivies et leurs photos ont également été dévoilés. Il s’agit, d’après le "Wall Street Journal", de cinq gradés de l’Armée populaire de libération chinoise, qui est souvent citée dans différents rapports américains comme le bras de Pékin chargé de l’espionnage informatique.
L’unité 61398 vs la NSA
Si l’Administration américaine n’avait, jusqu’à présent, pas encore franchi le pas judiciaire, elle s’y préparait activement depuis deux ans. Des procureurs ont été spécialement formés pour s’occuper d’affaires de cyberespionnage international, avait révélé en 2012 le “Washington Post”.
De son côté, la Maison Blanche n’a jamais caché qu’elle soupçonnait le régime de Pékin d’être derrière des opérations chinoises de cyberespionnage visant des entreprises et administrations américaines. Barack Obama avait officiellement accusé, en mars 2013, la Chine de soutenir des cyberattaques contre les États-Unis.
Un rapport très médiatisé, publié en février 2013 par la société de sécurité informatique Mandiant, assurait qu’une section précise de l’armée chinoise, l’unité 61398, était responsable de la plupart des attaques informatiques contre des entreprises américaines depuis 2006.
Reste que cette action judiciaire est, avant tout, un fort signal symbolique. Il y a très peu de chances que Pékin coopère avec Washington dans cette affaire. Le régime chinois a toujours nié se livrer à de telles activités et, sauf surprise, ne devrait pas livrer des membres de son armée aux autorités américaines.
La Chine aura, en outre, pléthore d’arguments tirés des multiples documents rendus publics par l’ex-consultant de la NSA Edward Snowden pour arguer que les États-Unis ne sont pas les derniers dans la cybersurveillance à grande échelle. Certaines révélations démontrent, ainsi, que la NSA avait installé des logiciels espions sur du matériel informatique chinois du géant Huaweï, rappelle le "Wall Street Journal".