
Depuis dimanche, l'eau a commencé à baisser en Serbie qui connaît ses pires inondations depuis un siècle. Les secouristes tentent toujours d'évacuer les habitants des zones les plus reculées et de leur apporter du ravitaillement. Reportage.
Les pluies se sont arrêtées dans les Balkans, mais les secouristes sont toujours à pied d’œuvre. Dans la ville d’Obrenovac en Serbie, où les inondations, les pires depuis plus d’un siècle, ont été les plus fortes, la hauteur de l’eau a dépasé les 5 mètres par endroit. Les sauveteurs évacuent ceux que même l’hélicoptère ne pouvait pas atteindre il y a seulement deux jours.
La police patrouille maintenant pour ravitailler les dernier habitants. Par petites équipes, les secouristes, dont certains n'ont pas dormi depuis 48 heures, distribuent du pain, de l’eau, des conserves, de la nourriture pour bébés. À l’aide de barques, des bénévoles évacuent les personnes âgées et les malades, pour les emmener ensuite dans l’un des 20 centres provisoires de la Croix-Rouge installés à Belgrade.
L'aide internationale continue à arriver en Serbie et en Bosnie. Un avion des Nations unies a atterri lundi matin à Belgrade, alors qu'un détachement de secouristes français est arrivé dans le courant de la nuit.
Un million de sinistrés privés d'eau potable
Une fois que l’eau se sera complètement retirée, les autorités devront s’atteler à la désinfection du terrain afin d’éviter d’éventuelles épidémies.
Environ 25 000 sinistrés ont été évacués jusqu'à présent des localités affectées par les inondations en Serbie. Une grande partie d'entre eux ont été hébergés dans des centres d'accueil, notamment à Belgrade où ils sont encadrés par des volontaires de la Croix-Rouge nationale et des psychologues.
Par ailleurs, plus d'un million de personnes n'ont plus d'accès à l'eau potable en raison des 2 000 glissements de terrain qui se sont produits. Cent mille habitations et autres bâtiments sont inutilisables, a déclaré lundi le ministre croate des Affaires étrangères, Zlatko Lagumdzija, lors d'une conférence de presse.
"Les conséquences de ces inondations sont terrifiantes", a-t-il dit. "Les destructions physiques ne sont pas moindres que celles causées par la guerre. Pendant la guerre, beaucoup de gens ont tout perdu. Aujourd'hui encore, ils n'ont plus rien."
Inquiétudes autour des centrales et des mines antipersonnel
La Save en crue continue de menacer le nord de la Bosnie et l'ouest de la Serbie, dont la centrale électrique Nikola Tesla d'Obrenovac, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Belgrade.
Les militaires et les employés de la centrale, qui fournit la moitié des besoins en électricité de la Serbie, ont passé la nuit à entasser des sacs de sable pour protéger l'installation, dont certains secteurs ont été désactivés préventivement.
"La centrale devrait être à l'abri maintenant. Nous avons fait tout notre possible. Maintenant c'est entre les mains de Dieu", a déclaré Djina Trisovic, porte-parole du groupe énergétique EPS.
Un autre danger menace les sinistrés. Les autorités ont mis en garde contre de possibles déplacements de champs de mines antipersonnel datant de la guerre intercommunautaire (1992-95), dont le nombre est estimé à 120 000. Les panneaux d'avertissement signalant les zones où il y avait des champs de mines ont également été emportés par les eaux.
Avec Reuters