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Mobilisation pour réclamer la libération de l'activiste tunisien Azyz Amami

Depuis que Azyz Amami, figure de la contestation en 2011, est en détention à Tunis pour une prétendue consommation de cannabis, les Tunisiens se mobilisent pour réclamer la libération de celui qui est devenu l'icône des détentions abusives.

Les actions de soutien à l’activiste tunisien Azyz Amami se sont multipliées depuis son arrestation lundi soir, à la Goulette, dans la banlieue de Tunis. Un site internet #FreeAziz a été créé, mercredi 14 mai, pour dénoncer "les procédures arbitraires et les règlements de compte policiers". En quelques heures, il a déjà rassemblé plus de 1000 soutiens.

La patrouille de police, qui a interpellé Azyz Amami ainsi que le photographe Sabri Ben Mlouka, aurait saisi sur eux une petite quantité de cannabis, rapporte l'avocat du bloggeur, Me Bassem Trifi. Le militant, qui aurait également reçu des coups lors des son interpellation, nie les faits qui lui sont reprochés. La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) s'est ainsi dit "préoccupée par l'arrestation violente du blogueur" sur son compte Twitter.

"Dès que les policiers ont reconnu Azyz, leur attitude a changé et ils l’ont tout de suite fouillé", a précisé l'avocat de l'activiste, figure de la contestation en 2011. Durant le printemps tunisien, l’activiste, qui a diffusé des vidéos de la répression, avait été emprisonné dans les derniers jours du régime de Zine El Abidine Ben Ali. Depuis la chute du dictateur, il continue de participer à de nombreuses mobilisations. Ces dernières semaines, il était notamment le porte-parole d’un mouvement appelé "Moi aussi, j’ai brûlé un poste de police".

Réformer la loi 52

Pour ses amis et ses supporters, qui se sont mobilisés mardi soir à Tunis pour réclamer sa libération, son arrestation est également liée à sa participation dans l'émission "Lébés" quelques jours plus tôt. Le bloggueur y avait dénoncé les détentions abusives de jeunes pour consommation de cannabis. En Tunisie, la loi sur les stupéfiants, dite "loi 52", condamne les consommateurs à des peines allant entre un à cinq ans de prison. Aujourd'hui, plus de 50% des personnes en détention provisoire et environ un tiers des condamnés en prison ont été arrêtés en lien avec des affaires de stupéfiants, selon des chiffres de l'ONU.

Depuis plusieurs mois, des voix s'élèvent pour réclamer une réforme de ce texte de loi jugé trop répressif. Un collectif nommé "Al Sajin 52", qui estime que cette législation permet de réprimer la liberté d'expression dans le milieu artistique, a été récemment créé en Tunisie pour réclamer des sanctions moins sévères. 

"Un joint, un an de prison, c'est inacceptable !"

À la suite de l'arrestation d'Azyz Amami, des députées du parti progressiste de gauche, Al Massar, ont participé à la manifestation de mardi et ont plaidé pour un dialogue national. "Un joint, un an (de prison), c'est inacceptable", a notamment déclaré la députée Karima Souid. Elle a toutefois précisé qu'elle s'opposait à la dépénalisation du cannabis, préférant plutôt des peines de sursis et un traitement médical pour ceux qui sont dépendants du cannabis, "qui reste quand même une drogue".

Le parti de Mustapha Ben Jaâfar, Ettakatol, qui a également condamné l’arrestation des deux hommes, a appelé à la libération de tous les jeunes qui ne sont pas accusés de trafic de stupéfiants, afin d'éviter à cette population de "tomber dans le monde dangereux de la criminalité et de la délinquance". Pour la formation social-démocrate, les peines de prison ne sont pas efficaces pour mettre un terme au "fléau" de la drogue, faisant porter à l'Etat une partie de la responsabilité.

Azyz Amami doit rester en garde à vue durant trois jours. S'il est déféré devant la justice, il sera difficile pour lui d'éviter la prison. 

Avec AFP