
Au moins 60 personnes ont été tuées et 125 blessées dans un double attentat-suicide commis peu avant l'heure de la prière près d'un sanctuaire chiite du quartier de Khadamiyah, à Bagdad, selon des sources gouvernementales irakiennes.
Reuters - Pour la seconde journée consécutive, Bagdad a été ensanglanté vendredi par un double attentat à la bombe qui a fait au moins 60 morts dans le quartier chiite de Kadhimiya.
Deux kamikazes portant des ceintures d'explosifs se sont fait sauter avec leurs engins devant les grilles du sanctuaire de l'imam Moussa al Kadhim, un important lieu de culte chiite dans la capitale irakienne.
Le double attentat a fait en outre 125 blessés. De nombreux pèlerins iraniens sont au nombre des victimes.
Pour Bagdad, un tel bilan est sans précédent depuis juin, lorsque 63 personnes avaient péri dans l'explosion d'un camion piégé. L'attaque visiblement coordonnée intervient au lendemain d'une autre journée noire. Un attentat suicide à Bagdad et un autre dans la province de Diyala, dans le nord du pays, avaient fait au total 89 morts.
Le même jour, les autorités irakiennes avaient annoncé l'arrestation du chef présumé d'un groupe affilié à Al Qaïda en Irak. Mais ni Bagdad ni l'armée américaine n'étaient en mesure de confirmer vendredi s'il s'agit ou non d'Abou Omar al Bagdadi, censé diriger le groupe Etat islamique d'Irak (ISI) mais dont l'existence réelle est sujette à caution et qui pourrait être un personnage fictif créé de toutes pièces par Al Qaïda en Irak.
Si l'Irak a connu sur l'année écoulée une amélioration significative sur le front de la sécurité, les groupes insurgés comme Al Qaïda continuent leur lutte et les attentats restent fréquents.
Mais le regain de violence observé ces dernières heures s'inscrit dans un contexte d'inquiétudes alors que les troupes américaines se préparent à se retirer des villes irakiennes en juin, première étape avant le retrait des forces de combat prévu avant la fin 2011.
Les élections qui doivent avoir lieu à la fin de l'année sont aussi un facteur d'accroissement des tensions.
Le fossé entre chiites et sunnites, dont l'opposition a fait des dizaines de milliers de morts en 2006-2007, reste béant et les contestations territoriales entre Kurdes et Arabes dans le nord du pays peuvent également dégénérer.
En Iran, d'où les croyants chiites peuvent désormais se rendre par millions sur les lieux saints d'Irak qui leur étaient interdits sous le régime de Saddam Hussein, les derniers attentats sont "un exemple haineux de ceux qui blessent la religion au nom de la religion", selon les termes employés vendredi par l'ancien président Ali Akbar Rafsanjani. "Nous éprouvons de la peine pour le peuple irakien en raison de l'entrée de groupes corrompus en Irak. Nous critiquons aussi l'Amérique pour ne pas avoir la volonté sérieuse de préserver la sécurité de l'Irak", a-t-il ajouté.