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Une photojournaliste française tuée en Centrafrique

Camille Lepage, photojournaliste française de 26 ans, a été "assassinée" en République centrafricaine a annoncé, mardi 13 mai, l'Élysée. François Hollande assure vouloir "tout mettre en œuvre" pour faire la lumière sur ce drame.

Elle s'était installée à Bangui, en Centrafrique, pour exercer son métier de photoreporter. Âgée de 26 ans, Camille Lepage a été "assassinée", mardi 13 mai, alors qu'elle effectuait depuis une dizaine de jours un reportage dans l'ouest du pays, a annoncé l'Élysée.

Le président français François Hollande a précisé que la journaliste était "sans doute tombée dans un guet-apens". Son corps a été découvert dans un véhicule conduit par des anti-balaka, lors d'un contrôle de la force Sangaris sur l'axe Bangui-Cameroun, dans la région de Bouar.

"Quatre autres corps ont été découverts dans la voiture", précise une source officielle à FRANCE 24. Une dizaine d’individus ont été arrêtés, vraisemblablement des anti-balaka, qui seront interrogés par la Misca (Mission internationale de soutien à la centrafrique sous conduite africaine).

Une dizaine de personnes arrêtées

La journaliste travaillait près de la frontière camerounaise, a précisé à FRANCE 24 Peter Bouckaert, directeur de la section Urgences de Human Rights Watch (HRW). "Elle avait pu établir qu'une centaine de personnes avaient été tuées ces derniers mois dans le village de Mada Gaza", ajoute-t-il. 

"Tous les moyens nécessaires seront mis en œuvre pour faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat et retrouver les meurtriers de notre compatriote", précise-t-on à l'Élysée. "Il s'agit de la 18e journaliste à mourir dans l'exercice de ses fonctions depuis le début de l'année, rappelle sur FRANCE 24 Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF). Cela arrive trop souvent", déplore-t-il.

Sur son compte Twitter, Camille Lepage écrivait, le 6 mai, avoir été embarquée avec les miliciens anti-Balaka, pour un reportage. Les milices chrétiennes, qui s'opposent sur le terrain aux rebelles de la Séléka, sont accusées de nombreuses exactions dans le pays. En 2013-2014, la Centrafrique a perdu 44 places dans le classement de la liberté de la presse en chutant au 109e rang.

"Une situation de plus en plus dangeureuse"

Diplômée de journalisme, la photoreporter, qui avait grandi à Angers, avait choisi l'Afrique pour assouvir sa passion. "Elle était jeune mais elle avait déjà beaucoup travaillé", souligne Christophe Deloire. Après avoir couvert la révolution arabe en Egypte en 2011, elle s'est installée en juillet 2012 au Soudan du Sud, avant de se poser en Centrafrique, pour travailler sur le conflit qui éclate en 2013. (voir son reportage "On est ensemble").

"Avant de partir pour Bangui, Camille Lepage était venue dans les locaux de RSF à Paris pour chercher un casque et un gilet par balles, se souvient Christophe Deloire. En décembre dernier, elle avait évoqué une situation de plus en plus dangeureuse sur le terrain".

Rattachée à l'agence de photographie Hans Lucas, la journaliste a collaboré pour de nombreuses publications dont le Monde, le New York Times, Libération, Jeune Afrique, etc.