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Armes chimiques : Fabius "regrette" que Washington n'ait pas frappé la Syrie

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé à Washington que le régime syrien a utilisé à 14 reprises des armes chimiques depuis octobre. Il dit "regretter" que Washington n'ait pas frappé la Syrie à l'automne 2013.

"Nous avons des éléments, au moins 14 éléments, qui montrent que dans les semaines récentes, de nouveau des armes chimiques en plus petite quantité ont été utilisées, notamment du chlore" depuis le 25 octobre 2013, a déclaré Laurent Fabius, mardi 13 mai lors d'une conférence de presse à Washington.

"Nous sommes en train de faire examiner les échantillons qui ont été prélevés", a-t-il précisé. Le gouvernement du président syrien Bachar al Assad a remis plus de 92% de son stock chimique dans le cadre d'un accord international supervisé par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Mais, a ajouté le chef de la diplomatie française, les dernières informations montrent que le gouvernement Assad a toujours la capacité de produire des armes chimiques.

"Ça aurait changé beaucoup de choses"

À la sortie de son entretien avec le secrétaire d'Etat John Kerry, Laurent Fabius est par ailleurs revenu sur les frappes contre la Syrie prévues l'été dernier par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni et qui avaient été abandonnées par le président Barack Obama à la dernière minute. "Nous le regrettons parce que nous pensons que ça aurait changé beaucoup de choses, à beaucoup d'égards, mais c'est un fait et nous n'allons pas reconstruire l'Histoire", a-t-il affirmé devant la presse.

À l'époque, "il s'agissait de l'utilisation massive des armes chimiques. Et à l'époque un grand dirigeant avait dit c'est la 'ligne rouge'", a rappelé Laurent Fabius, en lançant une pique en allusion à la formule utilisée par le président Obama.

Plus tard dans la journée, le ministre français des Affaires étrangères a réitéré ses critiques à peine voilées à l’égard de l’administration Obama lors d’une longue intervention à la prestigieuse Brookings Institution de Washington [visible en intégralité sur le site internet du think tank]. Devant un parterre composé notamment de journalistes américains et de diplomates, Fabius a déploré l’impunité dont a bénéficié le régime syrien après l’utilisation d’armes chimiques, affirmant que ce crime avait "brisé un tabou de la communauté internationale et contribué à rendre le monde plus chaotique".

Avec AFP