logo

L'est de l'Ukraine vote pour son "indépendance"

En dépit des réticences affichées par Moscou et des injonctions occidentales, le référendum sur la sécession d’une partie de l’est de l’Ukraine a débuté dimanche matin, tandis que les combats ont repris à Sloviansk.

Comme prévu, dimanche 11 mai, les Ukrainiens de l'Est ont commencé à se rendre aux urnes afin de décider du sort de leur région. Un scrutin jugé "illégal" par Kiev et ses soutiens occidentaux, mais qui pourrait tout de même aboutir à une sécession historique de cette partie du pays.

Au même moment, les heurts ont repris dans la périphérie de Sloviansk, bastion des insurgés pro-russes et théâtre depuis début mai d’une vaste opération militaire menée par les forces ukrainiennes. Les autorités de Kiev dénient toute légitimité au référendum et qualifient les séparatistes pro-russes de "terroristes" appuyés par Moscou.

Plus de sept millions d'Ukrainiens de l'Est sont appelés à se prononcer sur l'"indépendance" des "républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, deux régions frontalières de la Russie, où les insurgés contrôlent les principales villes.

Si le résultat du scrutin ne semble guère faire de doute, la participation reste incertaine. À Sloviansk, le maire autoproclamé Viatcheslav Ponomarev a promis samedi une "participation de 100%". À Donetsk, le chef de la commission électorale de la "République de Donetsk" Roman Lyaguine, a parlé de "millions" de votants.

Quoi qu'il en soit, "aucune participation minimale n'est fixée pour valider le vote", a-t-il souligné.

Une situation particulièrement tendue

Les référendums sont organisés dans les deux régions composant le bassin minier du Donbass, frontalier de la Russie, sous contrôle des rebelles. Ces derniers ne reconnaissent pas les autorités pro-européennes provisoires mises en place à Kiev à la suite de la chute du président Viktor Ianoukovitch fin février.

La situation reste toujours très tendue entre les deux camps et les combats ont repris dans la nuit près de Sloviansk.

De nombreuses et très fortes détonations ont retenti en début de matinée, ont constaté sur place des journalistes de l'AFP. Après des tirs nourris pendant une grande partie de la nuit, les combats ont repris dimanche dans le village d'Andriïvka, sur la "ligne de front", à l'entrée sud de cette cité de 110 000 habitants, encerclée par les forces ukrainiennes. "Il y a des victimes", a indiqué la porte-parole des insurgés pro-russes, sans pouvoir cependant apporter d'autres précisions.

Le spectre d’un scénario criméen

La crainte de Kiev et des Occidentaux est de voir se reproduire dans l'est de l'Ukraine un scénario similaire à celui de la Crimée. Le rattachement de cette région de l'Ukraine à la Russie en mars dernier après un référendum du même genre s'est traduit par la pire crise diplomatique entre Occident et Russie depuis la fin de la Guerre froide.

Les États-Unis ont d'ores et déjà réaffirmé samedi soir qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat de ces référendums du 11 mai, "illégaux en vertu du droit ukrainien et (qui) sont une tentative pour créer des divisions et des troubles".

La population du Donbass ne semble pas unanimement enthousiaste à l'idée de se séparer du reste de l'Ukraine. Si l'on en croit plusieurs sondages ukrainiens et un autre de l'institut américain Pew Research Centre, 70 % de la population dans l'est de l'Ukraine est hostile au séparatisme et favorable à l'unité territoriale de l'Ukraine, contre quelque 18 % pour la sécession.

Premiers résultats dans la nuit de dimanche à lundi

Au sujet de l'organisation, les insurgés affirment que dans la région la plus peuplée, celle de Donetsk, plus de 1 200 bureaux de vote seront ouverts jusqu’à 22h, heure locale. Les premiers résultats pourraient être connus dans la nuit.

Dans les zones jugées trop dangereuses, les bureaux de vote "seront déplacés" et la sécurité de chaque bureau sera assurée par des volontaires chargés "de faire régner l'ordre et empêcher les troubles", ont expliqué des responsables pro-russes.

Avec AFP