
Dans une déclaration, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné l'enlèvement de plus de 200 lycéennes nigérianes par le groupe islamiste Boko Haram. Les pays membres se disent prêts à envisager des mesures appropriées contre ce dernier.
L'enlèvement sans précédent de plus de 200 lycéennes au Nigeria par le groupe Boko Haram continue de choquer et de mobiliser la communauté internationale. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est exprimé vendredi à ce sujet en condamnant fermement cette action.
Dans une déclaration unanime, le Conseil de sécurité se dit "profondément scandalisé" par l'enlèvement de plus de 200 lycéennes à Chibok, le 14 avril et l'enlèvement de huit autres jeunes filles à Warabe le 5 mai. Les 15 pays membres "exigent (leur) libération immédiate et sans conditions".
Ils affirment par ailleurs que ces exactions "peuvent constituer des crimes contre l'humanité" passibles de poursuites devant la justice internationale. Le Conseil de sécurité ne fait toutefois pas mention explicitement de la Cour pénale internationale (CPI). Il se dit prêt à "suivre de manière active la situation des jeunes filles enlevées et à envisager des mesures appropriées contre Boko Haram", une allusion apparente à d'éventuelles sanctions. Le Conseil de sécurité a également qualifié de "terroriste" le massacre perpétré lundi à Gamboru Ngala (nord-est du Nigeria), qui a fait plusieurs centaines de morts.
Des équipes d'experts
Dans sa déclaration, le Conseil "salue les efforts en cours par le gouvernement du Nigeria" pour faire libérer les lycéennes ainsi que "les efforts internationaux pour l'aider dans ce domaine". Il "demande à la communauté internationale et en particulier aux pays de la région de travailler en étroite coopération avec les autorités nigérianes à cet égard".
Des équipes d'experts américains, britanniques et français sont ainsi arrivées vendredi à Abuja. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a également décidé d'envoyer à Abuja son représentant spécial en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, pour proposer l'aide des Nations unies.
L'armée nigériane n'a pas réagi?
Amnesty International a accusé vendredi l'armée nigériane d'avoir été informée de l'imminence d'une attaque de Boko Haram contre le lycée où plus de 200 adolescentes ont été enlevées. "Des témoignages accablants recueillis par Amnesty International révèlent que les forces de l'ordre nigerianes n'ont pas réagi aux avertissements qu'elles ont reçus à propos d'une possible attaque armée de Boko Haram contre le pensionnat du lycée public de Chibok", a déclaré l'ONG dans un communiqué.
"Amnesty International a eu la confirmation (...) que le quartier général de l'armée à Maiduguri a été prévenu d'une attaque imminente peu après 19 heures le 14 avril, soit près de quatre heures avant que Boko Haram ne lance son attaque".
Ces accusations ont été rejetées par l'armée qui a déclaré qu'il s'agissait "d'un ramassis de rumeurs". Interrogé par l'AFP, le porte-parole des armées, le général Chris Olukolade, affirme que les troupes postées à Maiduguri n'ont été informées de l'attaque de Chibok qu'au moment où elle se déroulait et qu'elles "sont tombées dans une embuscade dressée par les terroristes" sur la route de 120 km qui sépare Maiduguri de Chibok.
Depuis cinq ans, l’insurrection menée par le groupe islamiste Boko Haram a fait des milliers de morts au Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique. Les violences ont surtout lieu dans le Nord-Est, où l'armée mène une vaste opération depuis un an contre les insurgés.
Avec AFP