logo

Robert Ménard se démarque du FN mais recrute plus radical

Le vice-président du Front national, Louis Aliot, critique les distances prises par le nouveau maire de Béziers, Robert Ménard, avec son parti, alors qu'il prend "à son cabinet des gens qui sont beaucoup plus radicaux que ne le sera jamais le FN".

C’est avec le soutien du Front national que Robert Ménard a été élu à la mairie de Béziers (Hérault) en mars dernier. Pourtant, entre le parti de Marine Le Pen et l’ancien journaliste de RSF, l’écart se creuse. Louis Aliot, vice-président du FN, a tenu à remettre les choses au clair : "C'est vrai qu'il y a peut-être une certaine contradiction en disant ‘je ne suis pas Front National’ comme s'il avait en face de lui un épouvantail, tout en prenant à son cabinet des gens qui sont beaucoup plus, beaucoup plus radicaux que ne le sera jamais le Front National", a déclaré Louis Aliot sur France Culture, le 7 mai.

"Les gens" qu’évoque le frontiste, ce sont Christophe Pacotte, chef de cabinet de Ménard et cadre du Bloc identitaire ; mais surtout André-Yves Beck, ancien collaborateur de Jacques Bompard à la mairie d'Orange, et actuel directeur de cabinet du nouveau maire de Béziers. Un revers difficile à avaler pour le FN. "M. Beck a été un adversaire acharné du Front national et de Jean-Marie Le Pen depuis toujours, nous ne partageons pas les valeurs de son combat", a développé Louis Aliot, tête de liste du FN dans le sud-ouest pour les élections européennes.

>> À lire également sur FRANCE 24 : Robert Ménard, le chantre de la liberté d’expression devenu l’allié du FN

André-Yves Beck a été un acteur de longue date de l'extrême droite. Homme de l’ombre, Beck était présenté comme la matière grise du maire d’Orange, Jacques Bompard, dont il a dirigé la communication pendant 19 ans. Avant de devenir la bête noire du FN, il avait adhéré dans sa jeunesse au FNJ (Front national de la jeunesse) pour trois ans. Puis il s’est acoquiné avec des groupes néo-fascistes européens, avant de co-fonder Nouvelle Résistance (NR), un petit groupe nationaliste-révolutionnaire. Mais c’est pour son travail auprès de Jacques Bompard que Ménard dit l’avoir embauché.

"Ménard est un maire libre"

"Je connaissais déjà monsieur Bompard, le maire d'Orange. Il a été élu avec 60 % des voix. Son taux de réussite était donc très intéressant pour moi. Et puis je trouve qu'il a une belle plume", explique Ménard, jeudi 8 mai, dans les pages du quotidien régional, "L’Indépendant". Robert Ménard assume totalement son choix : "J'aime être confronté à des gens qui ne pensent pas comme moi. Ce n'est pas un cabinet conforme à mes choix, ni à mes convictions. J'ai choisi des gens de talent", explique-t-il.

Le FN marque désormais ses distances. "Nous avons été assez surpris de le voir débarquer au lendemain de l'élection dans le cabinet de M. Ménard, mais M. Ménard fait ce qu'il veut. Il est venu demander notre soutien à Béziers, nous lui avons accordé, il est un candidat soutenu par le FN, mais il est un maire libre", a encore déclaré M. Aliot sur France Culture.

C’est d’ailleurs sur sa liberté qu’insiste Robert Ménard, ce jusqu’au-boutiste de la liberté d’expression. Et s’il a signé l’opus "Vive Le Pen" en 2011, il n’avait pas manqué de rappeler, après son élection à la mairie de Béziers, que sa victoire n'était "pas celle du Front national". Il met régulièrement l’accent sur les points de divergences qui le séparent de Marine Le Pen, telles que les questions européennes ou la sortie de l’euro à laquelle il n’adhère pas. Scrupuleux de garder son indépendance, il a déjà prévenu qu’il n’assisterait pas à la réunion publique que tiendront Marine Le Pen et Louis Aliot le 9 mai à Béziers.