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Près de 50 000 civils coincés dans la zone de conflit, selon l'ONU

L'ONU estime à environ 50 000 le nombre de civils pris au piège dans la zone des combats entre les Tigres tamouls et l'armée, dans le nord-est du Sri Lanka. L'armée sri-lankaise parle de 15 000 à 20 000 civils.

AFP - Les rebelles des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), encerclés dans un étroit périmètre dans le nord-est de du Sri Lanka, continuaient jeudi d'opposer une forte résistance à l'armée sri-lankaise malgré les appels à déposer les armes, selon l'armée.

Le sort des civils encore pris au piège par les combats inquiète la communauté internationale. "Nous estimons qu'il reste environ 50.000 personnes dans cette zone", a déclaré Catherine Bragg, sous-secrétaire générale de l'ONU pour les affaires humanitaires, au cours d'une conférence de presse.

Un chiffre bien supérieur à celui du gouvernement sri-lankais, qui les estime entre 15.000 et 20.000.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé dans la journée l'envoi immédiat d'une équipe humanitaire des Nations unies sur place.

Mais l'idée a été rejetée par Colombo. "Cela ne serait pas prudent de laisser aller des agences d'aide dans la zone de guerre", et "il y a déjà là-bas une opération militaire visant à secourir les civils", a déclaré à la BBC le ministre sri-lankais de la Défense Gotabhaya Rajapakse.

Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), les combats ont fait "ces derniers jours des centaines de morts et de blessés" civils.

"Des combats sporadiques se produisent, mais notre priorité est d'évacuer les civils", a assuré le général Udaya Nanayakkara, porte-parole de l'armée sri-lankaise.

Selon cette dernière, les rebelles ne contrôlent plus qu'un territoire de 10 à 12 km2. "Nous pourrons venir à bout (des rebelles) très vite, dès que les civils seront partis", a ajouté le général Nanayakkara, précisant que les rebelles disposaient d'artillerie et de chars.

Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU avait exigé des rebelles tamouls qu'ils déposent les armes, se rendent et libèrent les civils qu'ils retiennent en otages, a déclaré son président, l'ambassadeur du Mexique Claude Heller.

Les rebelles tamouls n'ont pour le moment pas réagi à cette demande.

Le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, a exclu mercredi toute amnistie pour le chef des rebelles, Velupillaï Prabhakaran.

Au terme de 37 ans de conflit séparatiste, deux hauts responsables de la rébellion tamoule se sont rendus mercredi à l'armée gouvernementale: le porte-parole des Tigres, Velayudam Dayanidi, alias "Daya Master", et un responsable surnommé "George".

La télévision d'Etat, contrôlée par le régime, continue de montrer des milliers de civils attendant une aide alimentaire, d'autres cherchant par tous les moyens à se réfugier en territoire gouvernemental.

Des images ont également montré une femme accouchant dans un autocar qui transportait des civils en lieu sûr.

Un responsable de l'ONU au Sri Lanka, Neil Buhne, a qualifié de catastrophique la situation dans le nord-est de l'île.

Selon l'ONU, environ 95.000 personnes ont pu rejoindre les camps de réfugiés installés hors de la zone des combats. Ces chiffres sont "des estimations, pas des nombres exacts", a souligné Mme Bragg.

Témoignant mercredi devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants à Washington, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a qualifié la situation d'"horrible tragédie humanitaire" et appelé le gouvernement sri-lankais à "arrêter les combats" pour faciliter le départ des civils de la zone de conflit.

L'ambassadeur britannique, John Sawers, a déclaré que les Tigres devaient "cesser d'utiliser les civils comme boucliers" et que le gouvernement devait "remplir ses obligations humanitaires en prenant les mesures nécessaires pour sauver les vies des civils".