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Soudan du Sud : vers un face-à-face entre le président Kiir et le rebelle Machar

Le secrétaire d’État américain John Kerry en visite surprise au Soudan du Sud a annoncé que le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar acceptaient de se parler en face-à-face pour tenter de mettre fin à la guerre civile.

Le secrétaire d'État américain John Kerry a annoncé vendredi 2 mai avoir obtenu l'accord du président du Soudan du Sud et du chef rebelle pour des pourparlers afin de faire cesser la guerre ravageant le pays depuis plus de quatre mois. Le président Kiir et son ancien vice-président devenu chef de la rébellion, Riek Machar, ont accepté pour la première fois de se rencontrer face-à-face pour des négociations en Éthiopie voisine, qui servira de médiatrice, selon des sources américaines.

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Salva Kiir "est prêt à se rendre prochainement à Addis Abeba, probablement en début de semaine prochaine, afin d'engager une discussion avec le Premier ministre (éthiopien) et, nous l'espérons, avec Riek Machar qui, auparavant a indiqué sa volonté au Premier ministre éthiopien", a précisé John Kerry.

C’est l’initiative diplomatique la plus forte depuis le début du conflit au Soudan du Sud, le 15 décembre dernier. Le secrétaire d'État américain John Kerry a effectué vendredi cette visite surprise dans le pays pour exiger un cessez-le-feu. Arrivé à Juba, le chef de la diplomatie américaine s'était directement rendu à une réunion avec le président Salva Kiir avant de s'entretenir par téléphone avec le chef de la rébellion Riek Machar.

La communauté internationale ne cesse de s'indigner - sans résultat - des atrocités (massacres ethniques, viols, recrutement par milliers d'enfants-soldats...) commises par les deux camps. Outre les rivalités politiques entre Salva Kiir, qui accuse de tentative de coup d'État Riek Machar, et ce dernier, qui dénonce un prétexte inventé par le président pour éliminer des rivaux politiques, se greffent de vieux antagonismes entre peuples dinka et nuer, dont sont respectivement issus les deux hommes.

Le Soudan du Sud au bord d’une gravissime famine

Mi-avril, plus de 200 personnes avaient été massacrées par les rebelles  alors qu'ils avaient repris aux forces gouvernementales la ville pétrolifère de Bentiu, dans le Nord. À la même époque, une foule furieuse soutenant le gouvernement avait ouvert le feu sur un camp de l'ONU abritant quelque 5 000 civils, en tuant une cinquantaine et en blessant plus de 100 à Bor, dans l'Est.

Les organisations humanitaires ont prévenu que le Soudan du Sud était au bord de la pire famine que l'Afrique ait connue depuis les années 1980. Le 30 avril, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a dressé un tableau tout aussi sombre, "atterrée" par l'indifférence des chefs des deux camps au sort de leur population.

"Le mélange mortel de griefs mutuels, d'appels à la haine et de tueries de représailles (...) semble prêt à entrer en ébullition et (...) ni les dirigeants sud-soudanais, ni la communauté internationale ne semblent réaliser à quel point la situation est désormais dangereuse", a-t-elle déclaré à Juba.

Les États-Unis - principal artisan de l'accession du Soudan du Sud à l'indépendance en 2011, après plus de deux décennies (1983-2005) de sanglante guerre civile contre Khartoum - ont été à plusieurs reprises appelés à intervenir dans ce conflit. Ils ont depuis versé des milliards de dollars d'aide au pays.

Avec AFP