Le SNPL, plus important syndicat de pilotes de ligne en France, a décidé de lever son préavis de grève qui portait sur la période du 3 au 30 mai. Sa direction a estimé que les propositions du gouvernement lui donnait satisfaction.
Le premier syndicat de pilotes en France, le SNPL France Alpa, a levé son préavis de grève nationale vendredi 2 mai, rassuré par les réponses du gouvernement sur ses revendications. Il appelait à un mouvement national d'un mois à partir du 3 mai, ce qui avait provoqué une vive polémique avec Air France.
"Sur la base des propositions (du gouvernement), le conseil national du SNPL a décidé à une majorité de 96 % des voix de lever le préavis de grève", a déclaré le président du syndicat Yves Deshayes, lors d'une conférence de presse.
Les revendications des pilotes portaient sur quatre points, notamment la révision de la loi Diard, qui impose aux grévistes dans les transports de se déclarer individuellement 48 heures à l'avance pour permettre aux entreprises de mieux anticiper une grève.
"Un engagement fort"
Le syndicat, reçu mardi par le secrétaire d'État aux Transports Frédéric Cuvillier, accuse les compagnies aériennes d'utiliser la loi Diard pour remplacer les grévistes avec du personnel venu de l'étranger, violant ainsi le droit de grève.
"Le gouvernement a reconnu que ces pratiques ne sont pas acceptables et ce pour la première fois", a déclaré Yves Deshayes, assurant avoir "reçu un engagement fort" du gouvernement mais "pas de garantie" sur une évolution de la loi.
À la suite du préavis de grève nationale du 3 au 30 mai, le secrétaire d'État aux Transports avait rappelé qu'"il n'a jamais été question que (cette loi) soit utilisée par les compagnies aériennes pour contourner le droit de grève".
"J'inviterai toutes les compagnies aériennes à me rencontrer pour que des engagements de bonne conduite soient pris pour que la loi ne soit pas contournée", a-t-il dit. "À partir du moment où le principe est reconnu, il n'y a pas de raisons qu'il n'y ait pas de modification de la loi", a estimé Yves Deshayes, précisant que l'objectif des pilotes "était effectivement d'obtenir un amendement".
Une convention collective spécifique aux pilotes de ligne
Au sujet des autres revendications, Yves Deshayes a affirmé "avoir obtenu satisfaction sur l'obtention d'une convention collective "spécifique aux pilotes de ligne" et sur la création d'un groupe de travail parlementaire pour étudier la baisse des taxes pesant sur les compagnies françaises.
En matière de convention collective, M. Cuvillier a souhaité, en lien avec le ministère du Travail, que "cette question légitime puisse être très rapidement résolue".
Concernant les taxes, il a indiqué qu'un groupe de travail serait "mis en place rapidement sous la présidence d'un parlementaire". Il devrait faire des propositions à l'automne.
Yves Cuvillier avait aussi indiqué que le franchissement des points de contrôle était "une question technique réglée ou en passe de l'être" via des cartes professionnelles ou biométriques permettant aux personnels de passer "sans avoir à multiplier les contraintes de contrôles". Une réunion sur ce point est prévue le 14 mai.
Toutes les compagnies étaient potentiellement visées
La levée du préavis de grève est "une excellente nouvelle pour les clients et pour les personnels d'Air France," a déclaré à l'AFP le PDG de la compagnie Frédéric Gagey. "Air France peut à présent consacrer toutes ses énergies à la poursuite de son redressement".
Dans une lettre ouverte au président du SNPL, Frédéric Gagey avait jugé "inconcevable qu'une grève, dont les motifs n'ont rien à voir avec Air France, puisse enrayer cet élan".
Le préavis de grève des pilotes de quelques heures chaque jour pendant un mois risquait d'entraîner de nombreux retards et s'appliquait à toutes les compagnies.
Avec AFP