MAG, un accessoiriste automobile de Dubaï, serait intéressé par le rachat de l'usine Continental de Clairoix, fait savoir le ministre de la Relance. Seul hic : la direction de l'entreprise ne "souhaite pas" de repreneur, accuse Patrick Devedjian.
AFP - Le gouvernement a fait état jeudi d'une "offre sérieuse" de MAG, accessoiriste automobile basé à Dubaï, pour reprendre l'usine Continental de Clairoix (Oise), menacée de fermeture en 2010, mais selon le groupe allemand, l'entreprise arabe a simplement "manifesté son intérêt".
Patrick Devedjian, ministre de la Relance, a annoncé à l'AFP avoir reçu jeudi "une lettre d'intention" de MAG, qui est dirigée par Moafaq Al Gaddahun et "dispose des moyens d'acquérir" l'usine selon lui.
MAG, "un des plus grands accessoiristes automobiles du Proche-Orient", est "un très grand distributeur de pneus" et il serait "désireux d'en devenir producteurs", d'après le ministre.
"Le problème, c'est Continental", qui "ne souhaite pas qu'il y ait un repreneur" pour ne pas se créer de concurrent, a-t-il accusé sur France 2.
Continental refuserait même à MAG la possibilité de visiter l'usine, d'après lui. Des représentants de l'équipementier allemand seraient allés à Dubaï "pour tenter de dissuader" MAG "de se porter candidat", a-t-il pointé.
Le groupe allemand a contesté ne pas étudier la proposition: "à chaque fois qu’une marque d’intérêt est reçue, Continental étudie la situation avec un sérieux absolu", a déclaré à l'AFP son vice-président Bernhard Trilken.
Toutefois, Continental ne pense pas recevoir d'offre d'un spécialiste de la fabrication de pneus "dans un contexte économique aussi difficile".
"Nous avons examiné tous les scénarii et nous ne voyons aucune alternative" à la fermeture, a même déclaré le président de Continental, Karl-Thomas Neumann, au cours de l'assemblée générale des actionnaires à Hanovre (Allemagne).
"Nous prenons contact avec M. Devedjian pour voir quelles sont ses informations", a ajouté un porte-parole de l'entreprise. Le nom des sociétés en négociations ne sont généralement pas divulgués avant la conclusion d'accords, a-t-il souligné.
L'appel de la société de Dubaï, intéressée par "la structure, les technologies, les compétences" des 1.120 salariés, remonte à "3-4 semaines" et "des échanges sont en cours", a-t-il indiqué. C'est la seule "manifestation d'intérêt" reçue jusqu'alors.
Le secrétaire d'Etat à l'Industrie Luc Chatel s'était également montré prudent mardi, évoquant une simple "hypothèse".
Les responsables syndicaux de Continental-Clairoix ont aussi demandé de ne pas faire naître de "faux espoirs" alors que quelque 3.000 salariés français et allemands ont manifesté jeudi à Hanovre.
"J'ai toujours cru à ce projet de reprise mais je ne voudrais pas que Devedjian donne de l'espoir pour rien", ce serait "criminel", a jugé le responsable CFTC (majoritaire).
Il se demande s'il ne s'agit pas d'une "manoeuvre" du gouvernement pour "casser" cette "possibilité de reprise".
Xavier Matthieu (CGT) pense que le gouvernement ne doit pas s'étonner "qu'il y ait de la casse", en référence au saccage de la sous-préfecture de Compiègne (Oise) mardi.
Les syndicats rejoignent cependant le gouvernement dans l'idée que Continental n'aurait pas intérêt à céder son activité. "Il n'y a que des locaux à vendre" car "le but de Continental, c'est de faire fabriquer moins cher mais pas de vendre", d'après la CGT.
Au coeur de la question se trouve le sort des salariés. Si la fabrication de pneus est poursuivie, alors les contrats de travail des salariés seront transférés, ce qu'impose le code du Travail. Mais si seuls les murs sont cédés avec l'implantation d'une nouvelle activité, alors leur devenir est incertain.