
À Kiev, la place de l'Indépendance reste un lieu de protestation. Les manifestants les plus radicaux, qui tentent d'y organiser leur auto-subsistance, se défendent d'être des extrémistes nationalistes comme la Russie le laisse souvent entendre.
Deux mois après la destitution du président ukrainien Victor Ianoukovitch, certains manifestants de la place Maïdan de Kiev, le haut lieu de la contestation contre le pouvoir, sont toujours présents. Comme l’a constaté l'envoyé spécial de FRANCE 24 Gulliver Cragg, ils ont littéralement pris racine.
"C’est de la bonne terre. Regardez ces radis ! Là, nous en avons déjà mangé. Ils sont bons. Donc nous sommes autosuffisants. Nous pouvons rester", lui explique Roman, un manifestant en désignant un potager improvisé.
Ce noyau dur de protestataires n'abandonnera pas la place jusqu'à ce que des élections amènent au pouvoir des dirigeants de confiance. Ils méprisent les autorités actuelles. "Ce sont des bons à rien, des moins que rien. Pour eux, Maïdan, et tout ce qui s'est passé ici, c'est juste un tremplin pour arriver au pouvoir", s’emporte ainsi Elena.
Les unités d'auto-défense de Maïdan restent actives – et certaines refusent de se soumettre à l'autorité du nouveau gouvernement. Un groupe de radicaux a même tenu une conférence de presse mercredi 30 avril, juste au-dessus de la place. "Nous sommes prêts à faire ce qu'il faut pour mobiliser les gens et aider les habitants de l'Ukraine de l'est et du sud dans leur combat contre le séparatisme", annonce Oleg, dit "le grand", le responsable du département de la sécurité de la place de Maïdan.
Mais les média russes font croire aux résidents d'Ukraine de l'est et du sud que ces manifestants sont des fascistes. Mardi soir, des militants d'extrême droite ont d'ailleurs participé à une rixe. L’unité d'auto-défense clame qu'il s’agit d’une provocation : "Les Russes ont besoin d'images, donc ils disent que ça tourne au chaos ici. Mais en réalité, c'est plutôt calme". Mais si Kiev ne parvient pas à reprendre le contrôle à l'Est, cette accalmie risque de faire long feu.