
Les 529 membres des Frères musulmans, condamnés à mort le 24 mars, connaîtront lundi le verdict définitif. Près de 700 autres attendent également leur sentence pour les violences du 14 août.
Ce lundi 28 avril sera rendu le verdict définitif de la condamnation à mort de 529 islamistes égyptiens, un procès sans précédent dans l'histoire de l’Égypte. Ces partisans de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi sont accusés d'avoir tué un policier et mis à sac des commissariats et bâtiments publics dans la région de Minya, au sud du Caire, le 14 août 2013.
Conformément à la loi égyptienne, la peine de mort doit encore être validée par le mufti, représentant de l'islam auprès de l'Etat. Le juge doit ainsi annoncer si la peine capitale est validée ou non. Mais, quelle que soit la décision finale, les experts judiciaires sont unanimes: ce verdict, susceptible d'appel, sera probablement annulé ou les peines commuées parce que le tribunal n'a respecté ni la procédure, ni les droits les plus élémentaires de la défense.
"J'ai espoir que le verdict change"
Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 au Caire, a rencontré Moustapha Mohamed dont deux cousins ont été condamnés. Comme la plupart des accusés, l’un d’eux est en fuite. L’autre est en prison. Mais Moustapha est catégorique : "Aucun des deux n'a participé aux manifestations ou à tout autre chose. L'un d'entre eux fait partie d'une organisation caritative, c'est pour ça qu'il a été pris pour un Frère musulman. J'ai espoir que le verdict change. Mais je n'ai plus aucune confiance dans le système judiciaire."
Ahmed Shabib, avocat, défend une trentaine d'accusés. Il dénonce un procès expéditif alors que les condamnations à mort ont été prononcées après deux audiences seulement : "Donner le verdict d'un cas comme celui-ci après 48 heures seulement, c'est ça le cœur de l'erreur ! Le juge n'a même laissé la défense s'exprimer. Il n'a pas déclaré ni listé les accusés. Il y a largement de quoi faire appel."
Ces condamnations sans précédent ont provoqué un tollé dans la communauté internationale et chez les organisations de défense des droits de l'homme. Beaucoup parlent d'un verdict politique, en cette période de répression contre les Frères musulmans. Face aux critiques, le ministère de la Justice réaffirme son indépendance : "La politique n'a pas à se mêler du judiciaire et la justice n'a pas à se mêler de la politique. Les juges ne font pas de politique", assure Ezzat Khames, premier adjoint du ministre de la Justice.
700 autres pro-Morsi en attente d'un verdict
"Si la décision du juge est confirmée, les avocats de la défense feront appel devant la cour de cassation et les peines seront très certainement commuées en peine de prison", explique Sonia Dridi. "Mais avec un verdict si sévère, il semble que les autorités aient voulu envoyer un message fort aux islamistes pour les dissuader de manifester ou de commettre des actes violents, notamment à l'approche de l'élection présidentielle."
Dans le même temps, près de 700 partisans du président égyptien destitué Mohamed Morsi, dont le Guide suprême des Frères musulmans, connaîtront également leur condamnation lundi. Tout comme les 529 autres islamistes, ils sont poursuivis pour les violences qui ont fait 700 morts lors de la dispersion de deux rassemblements pro-Morsi au Caire, le 14 août 2013.
Avec AFP et Reuters