Au lendemain de heurts meurtriers dans l’est de l'Ukraine, les tensions restent vives entre les troupes ukrainiennes et les insurgés pro-russes. Kiev annonce avoir lancé le blocus de la ville de Sloviansk, bastion des séparatistes.
Les forces spéciales ukrainiennes ont engagé vendredi 25 avril la seconde phase de leur opération dans l'est du pays en organisant le blocus complet de la ville de Sloviansk, bastion des séparatistes pro-Russes, a annoncé la présidence ukrainienne. "L'objectif est de bloquer les terroristes dans Slaviansk", a dit Serhiy Pachinski, chef de cabinet du président Tourtchinov, cité par l'agence Interfax-Ukraine.
Le président ukrainien a par ailleurs averti la Russie sur le fait que "tout franchissement de la frontière par des troupes russes à l’intérieur du territoire de Donetsk ou de n’importe quelle autre région ukrainienne" serait considérée "comme une invasion militaire" entraînant la "destruction des assaillants".
Peu avant cette déclaration, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk avait accusé Moscou de vouloir déclencher un nouveau conflit mondial, en occupant "militairement et politiquement" son pays. "Les velléités de conflit militaire en Ukraine mèneront à un conflit militaire en Europe", a-t-il dit vendredi lors d'un conseil des ministres retransmis en direct à la télévision. "Le monde n'a pas encore oublié la Deuxième Guerre mondiale que la Russie veut déjà déclencher la Troisième Guerre mondiale", a-t-il poursuivi.
La chancelière Angela Merkel a, elle aussi, manifesté "sa grande inquiétude" sur la situation en Ukraine, lors d'une conversation téléphonique avec le président russe, a indiqué vendredi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert. Et d'ajouter que la chancelière "a dit attendre du gouvernement russe qu'il manifeste clairement son approbation de l'accord de Genève et qu'il travaille à sa mise en œuvre".
Cette même attente a été exprimée, jeudi 24 avril, par le secrétaire d'État américain John Kerry qui a vertement tancé la Russie, estimant que Moscou n’avait "pas pris la moindre initiative" pour mettre en œuvre l'accord conclu à Genève qui doit faire baisser la tension en Ukraine. Il a dénoncé "une erreur coûteuse".
Kerry a par ailleurs accusé la Russie de faire "des efforts démesurés pour saboter activement le processus démocratique par le biais d'une campagne d'intimidation grossière" en Ukraine, qualifiant les nouvelles manœuvres militaires menées à la frontière par l'armée russe d’actes "menaçants".
Jeudi 24 avril, les affrontements entre les deux camps auraient fait jusqu’à cinq morts dans les rangs des insurgés alors qu’un soldat ukrainien a été blessé, selon les chiffres dévoilés par le ministère ukrainien de l'Intérieur.
Obama doit rencontrer les Éuropéens
En tournée officielle dans plusieurs pays d’Asie, le président américain Barack Obama a lui aussi incriminé la Russie quant à l’évolution de la situation en Ukraine. "Jusqu'à présent, nous ne les avons pas vu respecter ni l'esprit ni la lettre de l'accord de Genève", a-t-il regretté, s’exprimant depuis Tokyo.
Le président américain a également menacé Moscou de "conséquences et de nouvelles sanctions" si les autorités russes n’agissaient pas de façon "plus réfléchie". Il devrait s’entretenir avec plusieurs chefs d’État européens à ce sujet, vendredi 25 avril.
Selon l’administration américaine, les sanctions internationales ont déjà entraîné la sortie de Russie de quelque 70 milliards de dollars de capitaux.
De son côté, Vladimir Poutine était lui aussi monté au créneau. "Si le régime actuel à Kiev a vraiment commencé à utiliser l'armée contre la population dans le pays, c'est un crime très grave contre son propre peuple", a martelé le président russe. Il a averti que cette opération aurait "des conséquences pour les gens qui prennent ces décisions".
Le leader des séparatistes de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev, avait demandé dimanche à Vladimir Poutine d'envoyer des troupes russes pour soutenir les insurgés, renforçant les craintes d'une intervention et, à terme, d'une prise de contrôle des régions de l'Est russophone, à l'image de la Crimée en mars.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à "éviter à tout prix les actions militaires", redoutant "que la situation n'échappe à tout contrôle avec des conséquences imprévisibles".
Avec AFP et Reuters