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Ces islamistes du Mujao qui considèrent la France comme leur ennemie

Les islamistes du Mujao ont annoncé mardi la mort de l’otage français Gilberto Rodrigues Leal. Après avoir été chassée du Nord-Mali par l’armée française, cette organisation terroriste revient progressivement dans la région.

Le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a annoncé, mardi 22 avril, la mort de l’otage français, Gilberto Rodrigues Leal, qu’il détenait depuis novembre 2012. "Il est mort parce que la France est notre ennemie", a déclaré à l'AFP Yoro Abdoul Salam, un responsable du Mujao. Les islamistes de cette organisation ont en effet soif de vengeance après avoir été chassés du Nord-Mali par l’armée française, à partir de janvier 2013, lors de l’opération Serval.

Un temps réfugiés au Niger, ces intégristes reviennent progressivement sur ce territoire disputé. "Le Mujao est concentré dans la région de Gao. Il recrute localement, ses militants circulent à moto et se rasent parfois la barbe, pour ne pas se faire repérer", indique Serge Daniel, correspondant de FRANCE 24 à Bamako.

Courant 2012, les membres du Mujao avaient enlevé sept diplomates algériens au consulat de Gao, assassinant l’un d’eux quelques mois plus tard. En juin 2012, le groupe prenait possession de l’ensemble de cette ville, la plus importante du Nord-Mali. Quelques mois plus tard, ils capturaient Gilberto Rodrigues Leal dans l'ouest du Mali et, dans le même temps, imposaient la charia, appliquant des châtiments corporels à ceux qui refusaient de s’y plier.

S’imposer en Afrique de l’Ouest

L’ascension de cette organisation terroriste est motivée par un objectif clair : s’imposer en Afrique de l’Ouest et propager l'idéologie salafiste dans la région. C’est dans cette optique que le fondateur du Mujao, Hamada Ould Mohamed Kheirou, a quitté les rangs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) fin 2011. Ce Mauritanien d’environ quarante ans ferait partie des détenus libérés, en 2010, dans le cadre des négociations pour la libération de l’otage français Pierre Camatte. Hamada Ould Mohamed Kheirou était alors emprisonné à Bamako depuis 2009, accusé d'activités terroristes.

Au sein d’Aqmi, il s'est montré virulent envers les dirigeants de l’organisation, à qui il reproche d’attribuer les postes importants uniquement à des Algériens, explique l'hebdomadaire Jeune Afrique. Mais les divergences entre Kheirou et Aqmi sont également d’un autre ordre, l’actuel chef du Mujao estimant ne pas retirer suffisamment d’argent des rançons et des trafics.

À la tête de sa propre organisation, Hamada Ould Mohamed Kheirou recrute massivement parmi les jeunes Nigériens. Pour appâter ces potentiels combattants en proie à la pauvreté, il offre entre 100 et 150 dollars et une arme, indiquait la journaliste Mireille Duteil dans "Le Point" en 2013. Une stratégie qui s’est en partie effondrée une fois la guerre au Mali déclenchée, plusieurs centaines de membres ayant déserté les rangs. Toutefois, le Mujao peut se targuer du soutien de Boko Haram, une secte islamiste redoutée au Nigeria, qui se trouve là une base arrière à l’extérieur de son pays.