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Didier François témoigne : "J'ai subi des simulacres d'exécutions"

Libéré samedi, l'ancien otage Didier François est revenu, lundi sur Europe 1, sur ses dix mois de captivité en Syrie. Il reconnaît que son expérience de grand reporter lui a permis d'appréhender certaines situations difficiles.

L'ex-otage Didier François est arrivé dans les locaux de sa radio Europe 1, lundi 21 avril au matin, le sourire aux lèvres. "C’est très sympa de retrouver ses marques, ses amis. Il y a beaucoup d’excitation, d’émotion. Je retrouve ma radio, mon métier. Je savais que tout le monde était derrière", a-t-il déclaré.

Celle-ci est chouette aussi. #Didier #Edouard #retour #bonheur Un lundi de Pâques @europe1 pic.twitter.com/PQZQZjcx2r

— Berengere Bonte (@berengerebonte) 21 Avril 2014

Interrogé sur les ondes de sa radio, le grand reporter est revenu sur les dix mois de sa captivité aux côtés d'Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres. "J'ai subi des simulacres d'exécutions, pistolets posés sur la tempe, ou le front", a raconté le journaliste de 53 ans qui s'était rendu en Syrie pour faire un reportage sur le recours aux armes chimiques. Mais "les simulacres d'exécution ne m'ont jamais particulièrement stressé, dans la mesure où on voyait trop que c'était de la pression", a-t-il ajouté. 

"S'ils avaient décidé de me couper la tête ou de me flinguer, c'était ritualisé. Il se trouve que, par ailleurs, j'ai la chance de connaître assez bien ce genre de choses. Les affaires d'otages, je les ai suivies très longtemps, et de très près. Je connais relativement les procédures. [...] Je voyais qu'on n'avait pas atteint la limite". Didier François a couvert de nombreuses zones de conflit, comme la Tchétchénie, le Kosovo, le Proche-Orient ou encore l'Irak. 

Des geôliers francophones

Quand il évoque son quotidien, Didier François a confirmé que les conditions de captivité étaient "rudes". "Sur les dix mois et demi de captivité, on est restés dix mois dans des sous-sols sans voir le jour, un mois et demi entièrement accrochés les uns aux autres", a-t-il indiqué, avant de décrire des caves "avec des portes en fer, [et des] barreaux sur tous les interstices".

Les pièces d'échec d'Edouard et Didier. Cliché pris avec mon téléphone, mais par Edouard. #e1matin #libres pic.twitter.com/AiEwjT5Ub2

— Pierre de Cossette (@Pdecossette) 21 Avril 2014

Il a également évoqué des premiers jours particulièrement éprouvants : "Ils vous mettent tout de suite dans l'ambiance. La pression est très, très, très forte. Quatre jours sans manger et sans boire. Au quatrième jour sans boire, on commence vraiment à être mal, menotté à un radiateur et des coups. C'est un peu pour casser les velléités de résistance", a-t-il raconté.

Interrogé sur ses ravisseurs, dont certains parleraient français, le journaliste n'a pas souhaité répondre. "Je ne veux pas faire de déclarations qui pourraient avoir des conséquences, je préfère m'abstenir", a-t-il rétorqué en renvoyant aux déclarations de Laurent Fabius qui s'est exprimé sur ce sujet la veille. "Malheureusement, il y a des Français, il y a des Belges, il y a des Italiens, toute une série d'Européens dont des Français qui sont partis "faire le djihad" en Syrie", avait indiqué le ministre des Affaires étrangères dimanche. 

>> À lire sur FRANCE 24 : "Pourquoi je veux mourir en Syrie" : confession d'un djihadiste français

Dimanche, Nicolas Hénin, est également revenu sur les conditions de captivité difficiles sur Arte, chaîne pour laquelle il travaille. "Ce dont on a le plus souffert pendant toute la première partie de notre détention, c'est du manque de nourriture. Heureusement on nous a donné au cours des derniers mois de quoi nous remplumer", a-t-il reconnu. "Le froid, également, nous n'avions pas d'eau chaude", a-t-il ajouté. "J'ai gardé les habits avec lesquels j'ai été capturé le 22 juin jusqu'au 23 décembre".

"Il y a eu également un peu de maltraitance physique, mais cela tous les prisonniers syriens y passent" a poursuivi Nicolas Hénin. "La Syrie a toujours été un grand centre mondial de la torture".

"Chaque fois qu'on nous changeait de lieu de détention, ils nous disaient qu'ils allaient nous libérer pour qu'on se tienne tranquille pendant le transport. De toute façon on se tenait tranquille, nous étions attachés", a-t-il ajouté.

Il a toutefois précisé avoir toujours gardé confiance : "Régulièrement ils venaient chercher des preuves de vie, faire des vidéos de nous ou nous poser des questions secrètes qui venaient de nos familles et c'était extrêmement réconfortant".

Il a enfin indiqué qu'après avoir réussi au troisième jour de sa détention à fausser compagnie à ses geôliers et à s'éloigner d'une dizaine de kilomètres avant d'être repris, il avait décidé de ne plus rien tenter. "S'ils me buttent, ce sera leur décision", a-t-il alors pensé.

Avec AFP
 

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