Dans une interview accordée à l'hebdomadaire Le Point, l'informaticien Imad Lahoud, soupçonné d'avoir falsifié les compromettants listings Clearstream, affirme y avoir ajouté le nom de l'actuel chef de l'État français.
Imad Lahoud, soupçonné d'avoir falsifié les listings Clearstream, affirme, dans Le Point à paraître jeudi, avoir lui-même ajouté le nom de Nicolas Sarkozy sur ces listings depuis le bureau d'Yves Bertrand, alors patron des RG, qui a annoncé son intention de porter plainte contre l'hebdomadaire.
Soupçonné par les juges chargés de l'affaire d'être le falsificateur des fameux listings issus de la chambre de compensation Clearstream, Imad Lahoud a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour "dénonciation calomnieuse" et "faux et usage de faux".
Alors qu'il avait jusque-là toujours nié être le falsificateur, il affirme aujourd'hui dans Le Point avoir lui-même "ajouté le nom de Nicolas Sarkozy dans les faux listings", assurant avoir rencontré "six fois" l'ancien directeur des Renseignements généraux.
"La dernière fois que j'ai vu Bertrand, c'était dans son bureau, pour ajouter le nom de Sarkozy sur les faux listings. C'est le seul nom que j'ai ajouté. C'était en présence d'une troisième personne, dont je préfère pour l'instant taire l'identité", a déclaré M. Lahoud à l'hebdomadaire.
M. Bertrand a assuré de son côté sur Europe 1 qu'il n'avait "jamais vu ni entendu M. Lahoud, ni dans (son) bureau ni ailleurs".
Dans un communiqué transmis à l'AFP par son avocat, Me Basile Ader, Yves Bertrand a annoncé qu'il "déposera plainte en diffamation dès la parution" de l'hebdomadaire jeudi. M. Bertrand "se réserve d'attaquer de la même façon les journaux qui relaieraient de telles calomnies".
M. Lahoud soutient que "tous ces rendez-vous figurent" dans ses "agendas électroniques, qui ont été saisis dans l'affaire Clearstream" et il ajoute: "Malheureusement, les juges (Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, qui ont instruit Clearstream, ndlr) n'ont jamais pris la peine de regarder si le patron des RG y apparaissait".
M. Lahoud, qui a régulièrement changé de version au cours des quatre années d'instruction sur l'affaire Clearstream de "dénonciation calomnieuse", n'a pu être joint jeudi par l'AFP. Son avocat, Me Olivier Pardo, a pour sa part déclaré à l'AFP qu'il avait "toujours été très prudent vis-à-vis des déclarations dans la presse", ajoutant: "Je ne crois qu'aux déclarations devant les juges".
Au Point, Imad Lahoud a expliqué ses aveux subits comme émanant d'un homme "fatigué, épuisé". "Je me suis enferré dans une défense sans issue où je niais tout en bloc", affirme-t-il.
Ce virage à 180 degrés dans la défense de M. Lahoud intervient alors que l'instruction Clearstream est terminée depuis le 17 novembre.
Les juges ont décidé du renvoi devant le tribunal de M. Lahoud, de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, de l'ancien vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin, de l'auditeur Florian Bourges et du journaliste Denis Robert.
"Ce dossier se règlera devant le tribunal, les déclarations de M. Lahoud ne changent rien en l'état puisqu'il est déjà renvoyé devant le tribunal pour +faux et usage de faux+", a-t-on indiqué de source judiciaire.
La mise en cause de M. Bertrand par Imad Lahoud intervient également alors que celui-ci fait l'objet d'une plainte de Nicolas Sarkozy. Partie civile dans l'affaire Clearstream, le chef de l'Etat accuse l'ancien patron des RG de dénonciation calomnieuse pour avoir consigné dans ses carnets et utilisé des informations privées et non vérifiées.