Christophe Deloire, président de Reporters sans frontières, a salué sur FRANCE 24 la libération des otages et remercié tous les journalistes, qui continuent de couvrir le conflit syrien en dépit des dangers et "au péril de leur vie".
"Il y a toujours des journalistes qui partent [….] au péril de leur vie [...]. Des journalistes qui considèrent que c'est un devoir [....]. Le plus grand péril serait que la Syrie devienne un trou noir de l’information", a expliqué Christophe Deloire, le président de Reporters sans frontières (RSF) sur FRANCE 24. "[Sans eux], les populations subiraient des exactions sans que personne ne puisse les rapporter", a-t-il ajouté en rendant hommage à la profession.
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Plusieurs journalistes étrangers sont toujours otages en Syrie, ce pays considéré comme "le plus dangereux au monde pour la presse" d'après le Comité pour la protection des journalistes. Treize grands médias internationaux, dont le "New York Times", BBC News et les agences de presse Reuters, AP et AFP, estimaient en décembre 2013 que plus de 30 journalistes étaient retenus en Syrie. Selon RSF, "il y aurait en tout une quarantaine de journalistes et blogueurs syriens dans les geôles du régime de Bachar al-Assad".
Des disparitions difficiles à chiffrer
Le nombre exact de correspondants internationaux en captivité reste en fait difficile à estimer, dans la mesure où certaines familles et gouvernements ont demandé aux médias de ne pas révéler la disparition de leurs journalistes, tant que la situation sur le terrain demeure chaotique.
Parmi les journalistes retenus, on peut citer l'Américain James Foley, reporter chevronné ayant réalisé plusieurs reportages pour l'AFP. Selon des témoins, il a été capturé par des hommes armés dans le nord-ouest du pays le 22 novembre 2012. Un autre Américain, Austin Tice, ancien Marine en Afghanistan et en Irak, est arrivé en mai 2012 en Syrie. Il est entré par la Turquie, sans visa, une pratique courante chez les journalistes couvrant le conflit. Après avoir voyagé avec des rebelles, il a rejoint en août Damas, d'où on a perdu sa trace.
Trois journalistes d'Al-Manar tués à Damas
Ces derniers temps, plusieurs correspondants ont été libérés. En septembre 2013, l'Italien Domenico Quirico (et l'enseignant belge Pierre Piccinin) ont été libérés après cinq mois de détention. Les deux hommes étaient entrés le 6 avril dans le pays avec l'accord de l'Armée syrienne libre (ASL). Selon Quirico, ils ont été vendus par l'ASL à des combattants islamiques liés à Al-Qaïda. Deux journalistes espagnols enlevés en septembre 2013 par un groupe armé lié à Al-Qaïda, Javier Espinosa et Ricardo Garcia Vilanova - qui a collaboré à la couverture du conflit pour l'AFP - ont été libérés le 29 mars.
D'autres, hélàs, ont connu un sort plus tragique. Ces derniers jours, un journaliste, un caméraman et un technicien d'Al-Manar, la télévision du Hezbollah libanais, ont été tués au nord de Damas. En mars, un photographe canadien avait été executé à Alep (nord). Depuis mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 150 000 morts, dont un tiers de civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Avec AFP