La Russie, les États-Unis et l’Union européenne ont signé jeudi un accord pour faciliter une sortie de crise en Ukraine. Suffisant pour que la tension retombe sur le terrain ? Reportage dans l’est du pays, à Marioupol.
Les armes se sont tues en Ukraine depuis l’accord trouvé entre la Russie, les États-Unis et l’Union européenne. Jeudi 17 avril, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a salué cet accord "sur la nécessité de prendre des mesures concrètes pour obtenir une désescalade des tensions et pour assurer la sécurité de tous les citoyens ukrainiens".
Pour autant, la tension reste palpable dans l'est du pays, où plusieurs groupes d'insurgés pro-russes refusent de rendre les armes. Et tandis que la diplomatie suivait son cours, l’envoyé spécial de FRANCE 24 Johan Bodin s’est rendu dans une caserne de Marioupol, dans la région de Donetsk. C'est là que trois assaillants pro-russes ont été abattus, alors que leur groupe attaquait une base de la garde nationale ukrainienne.
Tandis que les combats entre soldats ukrainiens et miliciens pro-russes faisaient rage, les habitants de la ville affichaient ouvertement leurs désaccords. "Tu ne comprends pas, tu ne comprends pas… À Maïdan, ils ont juste remplacé Ianoukovitch par d’autres oligarques", s’emporte l’un d’eux devant les caméras de FRANCE 24.
Fronde
Avant la réunion quadripartite à Genève, qui a abouti à un cessez-le-feu jeudi soir, les forces pro-russes occupaient toujours la mairie de la ville. Les habitants avaient été enjoints à quitter les lieux, en prévision de l’offensive annoncée des troupes ukrainiennes pour récupérer le bâtiment et la plupart des commerçants avait décidé de baisser leurs rideaux.
Mais Marioupol n’avait pourtant rien d’une ville morte. "Non, je ne rentre pas à la maison ! Si j’ai peur ? Mais de qui ?", s’amuse un passant au micro de FRANCE 24.
Divergences familiales
Tous n’affichaient cependant pas la même sérénité. Alexandre, un pro-Ukrainien, a décidé de faire déménager sa famille en banlieue, chez ses beaux-parents, pour quelques jours. Mais au sein des familles aussi, les avis divergent.
"Nous, on est tous plus ou moins pour une Ukraine unie et pour la paix, sauf ma mère, qui a des opinions pro-russes", explique-t-il.
"Bien sûr ! Je suis d’une autre génération. Celle de l’Union soviétique et c’est comme ça…", réplique sa mère.
À Marioupol, depuis jeudi soir, les tensions se sont momentanément apaisées entre les troupes ukrainiennes et les miliciens pro-russes. Mais les divergences entre les habitants, elles, sont particulièrement tenaces.