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Les violences envers les Roms de l'UE en constante augmentation, selon Amnesty

Dans un rapport publié mardi, l’ONG Amnesty international tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la situation des Roms dans l’Union européenne. Ils y sont victimes d’une hausse des actes de violences et, surtout, de la passivité des États.

Insultes, coups, intimidations, discriminations… Les témoignages de centaines de Roms interrogés au cours de l’année 2013 par l’ONG Amnesty international se suivent et se ressemblent. Dans le nouveau rapport de l’association, publié mardi 8 avril, le constat est toujours le même : les conditions de vie de cette communauté d’environ 12 millions de personnes en Europe ne connaissent guère d’amélioration. Au contraire. En Grèce et en République tchèque, notamment, les violences sont même en hausse.

Un reportage d'Amnesty international

"En 2013, des groupes tchèques d’extrême droite ont organisé une série de manifestations contre les Roms dans plusieurs dizaines de villes", s’inquiète Amnesty, mettant en exergue un "déferlement d’injures racistes et de tactiques d’intimidation [….]".

En Grèce, où environ 300 000 Roms résident, la situation n’est guère meilleure. Pas moins de 1 131 opérations de police ont été menées dans des camps roms au cours des neuf premiers mois de 2013, selon les chiffres de la police grecque. Durant ces opérations, 52 431 personnes ont été contrôlées et 19 067 ont été conduites au poste.

Des crimes trop souvent laissés impunis

Plus grave encore, le rapport met en lumière la passivité voire la complicité des États. "L'organisation relève notamment des cas où des agents [grecs] n'interviennent pas pour stopper des attaques motivées par la haine raciale alors qu’ils sont présents sur les lieux, interpellent des victimes en situation irrégulière plutôt que les auteurs de crimes de haine, ne protègent pas les personnes contre des attaques de groupes d'extrême droite, découragent les victimes de déposer plainte et n'enquêtent pas, ou pas véritablement, sur les plaintes – ne cherchant notamment pas à identifier les éventuelles motivations racistes. Dans de nombreux cas les policiers eux mêmes se rendent coupables de crimes inspirés par la haine", peut-on lire dans le rapport.

En 2012, Ilias Kasidiaris, député grec du groupe d’extrême droite Aube Dorée, avait prononcé un discours à Aspropyrgos dans lequel il avait comparé les Roms à des "déchets humains" dont il fallait se débarrasser.

La France mauvaise élève

La France n’est pas épargnée par le rapport. Sur le terrain, les violences anti-Roms ont pris une tournure inédite, dénonce Amnesty. Le 16 janvier 2013, un couple de Roms qui dormait près de la place de la République, dans le centre de la capitale, aurait été victime d'une attaque à l'acide. "Sur le matelas, il y avait un liquide noirâtre qui bouffait le matelas et les couvertures. Ma collègue a touché le liquide, qui lui a brûlé le doigt", raconte Léo Larbi, membre de l’ONG Autremonde, qui travaillait dans le quartier cette nuit-là.

Sur le terrain politique ensuite, Amnesty International rappelle que certains représentants du gouvernement français ont exprimé des points de vue discriminatoires et des préjugés à l’encontre des Roms. Et l’ONG de citer Manuel Valls qui, alors ministre de l’Intérieur, avait déclaré en septembre 2013 : "Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres", ajoutant qu’elles avaient "vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie".

Selon l’ONG, la plupart des 20 000 Roms qui vivent en France sont sous la menace constante d’une expulsion souvent accompagnée d’un harcèlement policier, comme l’an dernier à Paris, Marseille, Lille, Saint-Denis ou Villeneuve d’Ascq.

Avec AFP