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Les maoïstes libèrent le train qu'ils avaient pris d'assaut

Des rebelles maoïstes ont relâché les 300 passagers du train qu'ils retenaient dans l'État du Jharkhand, région reculée de l'Inde où les habitants sont appelés à élire leurs députés. Les otages sont sains et saufs, selon la police.

Mercredi matin, à la veille de la seconde étape des élections générales en Inde, 200 rebelles maoïstes de l’Etat du Jharkhand (à l’est du pays) ont détourné un train à bord duquel se trouvaient 300 personnes.


L’attaque n’a duré que quelques heures et n’a fait aucune victime. "Tous les passagers ont été libérés et sont en bonne santé, a reporté à l’AFP, Sarvendu Tathagat, un haut fonctionnaire de Jharkhand. Ils [les rebelles] ont abandonné le train et se sont enfuis dans la jungle."


La gare principale du département de Latehar, où devait se rendre le train, se situe à 105 km au nord-ouest de Ranchi, la capitale de l’Etat de Jharkhand.


Pour Sébastien Daguerressar, correspondant de FRANCE 24 à New Delhi, les rebelles maoïstes ont voulu faire une démonstration de force à la veille de la seconde phase des élections générales indiennes. “Ils ont appelé au boycott de ces élections, explique le journaliste. Dès le premier jour du scrutin, ils ont tenté d’empêcher le processus électoral en attaquant des isoloirs.”


Les habitants de Latehar se sont rendus aux urnes le 16 avril, mais certains autres départements de Jharkhand doivent encore voter jeudi. Les rebelles ont appelé à ne pas voter et à faire grève.


Seize personnes au moins, dont neuf originaires de Latehar, ont trouvé la mort dans les violences perpétrées par les maoïstes lors des premiers votes.


La menace “Naxalite”


L’insurrection maoïste est apparue en Inde à la fin des années 1960. Ces dernières années, elle a gagné en force et est désormais active dans plus de la moitié des 29 Etats qui composent le pays.


“Le mouvement a des ressources matérielles [dont des armes] suffisantes et, depuis cinq ou six ans, reçoit de plus en plus le soutien des locaux”, explique Uday Bhaskar, directeur de l’Institute of Defence Studies and Analysis de New Delhi.


Jharkhand est une région essentiellement tribale. Comme dans les autres régions sous-développées du centre-est du pays, la rébellion maoïste reste, pour les autorités, difficile à combattre.


L'insurrection maoïste, née d’une révolte paysanne dans un village de l'est de Naxalbari en 1967, s'est largement étendue dans le centre et l’est du pays. Partout en Inde, le mouvement est communément appelée l'insurrection "Naxalite".


Officiellement, les insurgés affirment défendre les paysans pauvres, les sans-terres. “La popularité du mouvement se nourrit de la grande pauvreté et de l’injustice sociale qui règnent dans la région”, confirme Uday Bhaskar.


Mais pour le Premier ministre indien, Manmohan Singh, les violences perpétrées par les maoïstes représentent la plus grande menace intérieure du pays. L’année dernière, pas moins de 500 civils et policiers ont trouvé la mort dans des affrontements impliquant ces insurgés.