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Soudan du Sud : "Salva Kiir doit quitter le pouvoir", réaffirme le rebelle Riek Machar

Riek Machar, le chef des rebelles sud-soudanais, a réaffirmé lors d’un entretien avec FRANCE 24 son souhait de voir son rival Salva Kiir quitter la présidence du Soudan du Sud. Il s’agit, selon lui, de la seule solution pacifique au conflit.

Le dialogue est suspendu depuis plus de quatre mois entre les autorités sud-soudanaises et les rebelles. À en croire les propos tenus mardi 1er avril sur FRANCE 24 par le chef de la rébellion, Riek Machar, ce blocage risque encore de se prolonger.

"Il [Salva Kiir, le président du Soudan du Sud, NDLR] a tué ses propres concitoyens, il a divisé le peuple en différentes tribus et en a ciblé une en particulier", a déclaré Riek Machar au micro de FRANCE 24. "Il doit regarder la réalité en face et réaliser que pour obtenir une solution pacifique, il doit quitter le pouvoir".

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L’inimitié, profonde et ancienne, entre Salva Kiir, de l’ethnie Dinka, et Riek Machar, de l’ethnie Nuer, a éclaté au grand jour en juillet 2013, lorsque le premier, chef de l’État sud-soudanais, a limogé le second, vice-président, ainsi que tout son gouvernement. Depuis le printemps de cette année-là, les deux hommes affichaient déjà publiquement leurs désaccords, notamment sur la date de tenue d’une conférence de réconciliation nationale.

Massacres

En décembre dernier, leur rivalité a viré au bain de sang. Salva Kiir a accusé Riek Machar d’avoir tenté de le renverser, une accusation que ce dernier a farouchement niée. Les partisans des deux hommes se sont alors violemment affrontés autour de la capitale Juba, puis les hostilités se sont étendues à l’ensemble du territoire, tuant plusieurs milliers de personnes. Des massacres à caractère communautaire opposant les deux principales tribus du pays, les Dinka de Kiir et les Nuer de Machar, ont également été rapportés.

Au cours de ces trois derniers mois, les violences ont chassé de leurs domiciles plus d’un million de Soudanais. Nombre d’entres eux, craignant des représailles, s’abritent dans des bases des Nations unies, où les conditions sanitaires se dégradent de jour en jour.

Samedi 29 mars, l’ONU a estimé à 5 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide alimentaire, dont une grande partie se trouve dans des zones difficilement accessibles en raison des pluies. L’organisation internationale a par ailleurs fait part de sa profonde préoccupation "car la situation pourrait empirer" au Soudan du sud.

Champs pétrolifères

Les déclarations de Riek Machar sur FRANCE 24 n’ont en effet rien de rassurant. Le leader des rebelles a ainsi annoncé qu’il souhaitait reprendre Malakal, la deuxième ville du pays, située dans l’État pétrolier du Haut-Nil (nord-est). La ville a été prise début mars par les rebelles, puis reprise par les forces du président Salva Kiir. Les civils ont payé un lourd tribut, la commune est aujourd’hui une ville fantôme.

Toujours sur notre antenne, Riek Machar a également mis en garde l’Igad, l’Autorité intergouvernementale de développement (l’organisation des pays de la région), contre un déploiement de soldats sur les champs de pétrole : "Ils n’ont pas le droit de se déployer autour des champs pétrolifères, ils sont aux Sud-soudanais, a affirmé le chef des rebelles. Nous nous sommes battus pour être indépendants. S’ils veulent nous coloniser, nous nous battrons contre eux".