Si l'ANC est, pour l'heure, le grand favori des sondages, d'autres partis tenteront de lui grappiller des voix aux législatives sud-africaines du 22 avril. Notre correspondante, Caroline Dumay, est allée à leur rencontre.
Reuters - Les principaux partis politiques sud-africains en lice pour les élections législatives du 22 avril.
LE CONGRÈS NATIONAL AFRICAIN (ANC)
Dirigé par Jacob Zuma, qui se présente comme le champion de la défense des pauvres, l'ANC domine la vie politique depuis l'accession de Nelson Mandela à la présidence après la fin de l'apartheid en 1994. Le Congrès dispose de 70% des sièges au parlement.
Les poursuites judiciaires engagées contre Zuma pour corruption ont récemment été abandonnées par le procureur général en raison d'un vice de procédure. Zuma a toujours démenti les accusation portées contre lui.
Zuma a été vice-président pendant six ans, jusqu'en 2005. Il a été limogé par l'ancien chef de l'Etat Thabo Mbeki pour son
implication présumée dans une affaire de corruption. Zuma a été acquitté dans une affaire de viol en 2006. Il s'estime victime d'un complot politique.
S'il est élu président, il devra composer d'un côté avec les syndicats qui l'ont soutenu face à Mbeki pour accéder à la
tête de l'ANC et qui souhaitent une politique plus interventionniste et de l'autre côté avec les investisseurs étrangers craignant un virage politique à gauche.
LE CONGRÈS DU PEUPLE (COPE)
Dirigé par l'évêque Mvume Dandala, le COPE a été fondé par des membres dissidents de l'ANC après que le parti a contraint Thabo Mbeki à la démission l'an passé. Il mise sur une lassitude de l'électorat face aux affaires impliquant Zuma.
Le COPE se pose en principal rival de l'ANC depuis 1994, mais sa campagne électorale s'est essoufflée ces dernières
semaines.
Les observateurs doutent de la capacité du COPE à gérer les affaires nationales, le parti s'étant fondé sur un rejet de
l'ANC et ayant fait des promesses vagues dans la lutte contre la pauvreté.
En 2002, Dandala s'était vu décerner l'une des plus prestigieuses distinctions pour son combat contre l'apartheid. Il a participé début 2008 aux pourparlers de paix au Kenya, en proie à des violences post-électorales.
L'ALLIANCE DÉMOCRATIQUE (AD)
L'Alliance démocratique est dirigée par une Blanche, Helen Zille, surnommée "Godzille" en raison de son style très strict. L'Alliance est le principal parti de l'opposition, crédité de 12% des suffrages il y a cinq ans.
L'Alliance était autrefois le Parti démocratique. Elle soutient les principes d'une démocratie libérale et de la liberté des marchés. Elle n'a jamais réussi à capter l'électorat noir.
Zille est devenue la figure de proue de l'Alliance en 2006 lorsqu'à la tête d'une coalition elle s'est fait élire maire du Cap, seule grande ville n'étant plus administrée par l'ANC.
Militante anti-apartheid et journaliste, elle avait révélé le meurtre du militant Steve Biko, battu à mort par des policiers en 1997.
LE PARTI DE LA LIBERTÉ INKATHA (IFP)
Mangosuthu Buthelezi, 80 ans, est le chef de file de l'IFP depuis sa fondation sous le nom de Mouvement culturel de
libération nationale Inkatha en 1975. Il a débuté sa carrière politique dans les années 40 en rejoignant le mouvement des
jeunes de l'ANC.
Buthelezi fut ministre des Affaires intérieures en 1994, mais son parti a quitté le gouvernement en 2004. Depuis, son influence n'a cessé de diminuer.
Ce déclin pourrait encore s'accentuer si Zuma parvient à capter une partie de l'électorat dans son fief du Zululand.
La rivalité entre l'ANC et l'Inkatha remonte à l'époque de l'apartheid lorsque les deux formations s'affrontaient pour
le contrôle du KwaZulu-Natal. Les affrontements entre les deux camps firent des milliers de morts.