L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, jeudi, une résolution non contraignante qui dénonce le rattachement de la Crimée à la Russie. Cinquante huit pays se sont toutefois abstenus et une vingtaine n'ont pas pris part au vote.
L'Assemblée générale de l'ONU a, diplomatiquement, haussé le ton contre Moscou. Une résolution non contraignante, dénonçant le référendum en Crimée et le rattachement de cette péninsule à la Russie, a ainsi été adoptée jeudi 27 mars.
Mais la portée de cette résolution est à relativiser au vu du nombre de votes. Sur 193 votants, cinquante huit pays se sont abstenus et une vingtaine n'a même pas pris part au scrutin.
Cette résolution, proposée par l'Ukraine et co-parrainée par les Occidentaux, a pourtant été rédigée en des termes très modérés et ne critique pas explicitement Moscou. Le texte devait recueillir une majorité simple des suffrages exprimés pour être adopté.
Outre la Russie, le Belarus, la Corée du Nord, l'Arménie, Cuba, le Nicaragua, le Venezuela, la Bolivie, le Zimbabwe, le Soudan et la Syrie ont voté non. Parmi les abstentionnistes figurent la Chine, l'Argentine, le Brésil, l'Inde, le Pakistan, l'Égypte, le Sénégal, le Gabon ou encore l'Afrique du Sud.
Sans surprise, les États-Unis et leurs alliés européens, arabes et asiatiques, ont voté massivement pour.
Campagne d’intimidation des Russes
Avant le scrutin, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Dechtchitsa avait appelé les États membres à voter massivement afin de dissuader la Russie de continuer son "agression", faisant implicitement référence à la menace d'une invasion de l'Ukraine par les troupes russes massées à ses frontières.
L'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a défendu la légitimité de "la réunification entre la Crimée et la Fédération de Russie" tandis que l'ambassadrice américaine affirmait que "l'Ukraine mérite (leur) plein soutien".
La Russie a mené "une intense campagne de lobbying et d'intimidation", a expliqué un diplomate occidental. "Certains pays pensent qu'il s'agit d'un problème européen ou d'un affrontement Est-Ouest qui ne les concerne pas, ou ils ne veulent pas mécontenter la Russie".
La résolution "souligne que le référendum du 16 mars (en Crimée), n'ayant aucune validité, ne peut pas justifier un quelconque changement du statut" de la Crimée. Elle demande à tous les États et organisations internationales "de ne reconnaître aucun changement de (ce) statut".
Elle appelle également "tous les États à s'abstenir de toute action visant à remettre en cause de manière partielle ou totale l'unité nationale et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, y compris toute tentative de modifier les frontières de l'Ukraine par la menace ou l'usage de la force ou par d'autres moyens illégaux".
Elle invite enfin "toutes les parties à chercher une issue pacifique" à cette crise par un "dialogue politique direct".
Avec AFP