Camions bloqués à l’entrée de Paris, organisateurs interpellés… L’opération coup de poing mise en place par Reporters sans frontières pour dénoncer les atteintes à la liberté d’expression en Chine ne s’est pas déroulée comme prévu.
L’opération a bien eu lieu mais pas dans les proportions escomptées. Dans le cadre de la visite du président chinois Xi Jinping à Paris, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) a déployé, jeudi 27 mars, cinq camions "publicitaires" qui devaient circuler dans la capitale française toute la journée. Sur les véhicules ont été collées de grands photos-montages du numéro un chinois faisant un bras d’honneur à la liberté de la presse. "Le but est de circuler dans les lieux fréquentés de Paris afin d’attirer l’attention sur l’absence de sincérité de Xi Jinping et des autorités chinoises quand il s’agit des libertés, et notamment de la liberté de l’information", indique-t-on à RSF.
Mais, tôt dans la matinée, quatre des cinq camions ont été une première fois bloqués sur le périphérique par les forces de l’ordre. Ils ont également été retenus sur l’avenue de la Grande Armée qui mène à l’Arc de Triomphe. Les organisateurs de l’opération ont ensuite été conduits au commissariat le plus proche pour une vérification d’identité qui a duré une heure et demie.
"C’était démentiel, Paris était entièrement surveillée"
"Aucun motif valable ne justifie toutefois que nous ayons été retenus aussi longtemps, indique à FRANCE 24 Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Il nous a également été demandé d’enlever nos t-shirts sur lesquels l’affiche de Xi Jinping était reproduit". Les véhicules ont finalement été autorisés à repartir.
Entre-temps, un camion était parvenu à se rendre sur la place de Varsovie, près de la Tour Eiffel, où une vingtaine de militants arborant des drapeaux à la même effigie les attendaient. Le convoi a ensuite rejoint l’Arc de Triomphe en passant plusieurs barrages. "C’était démentiel, Paris était entièrement surveillée", déplore RSF.
Accueilli avec les honneurs à Paris, le président chinois fait pourtant l’objet de vives critiques de la part d'organisations de défense des droits de l'Homme. Plusieurs ONG dénoncent en effet un dirigeant aux deux visages qui, d'un côté, prétend lutter contre la corruption mais, de l'autre, n'hésite pas à exercer son autorité sur la société civile. À la veille de sa visite d'État en France, l'organisation Human Rights Watch a adressé un courrier au président François Hollande afin de l'alerter sur une "série d’arrestations hautement symboliques de personnalités critiques du pouvoir". Quant à RSF, elle considère Xi Jinping comme "un prédateur de la liberté de l'information".
Pour la venue du président chinois dans la capitale française, un important dispositif de sécurité a été mis en place. Le trafic, tant dans les transports en commun que sur les grandes artères, est quelque peu perturbé. Treize stations de métro du centre de Paris ne seront pas desservies de la journée. Et les rues situées aux abords des Champs-Élysées, de la place de l'Étoile et de la rue de Rivoli sont interdites d’accès.