Au terme d’intenses tractations, les candidats qualifiés pour le second tour des municipales ont déposé leur liste à la préfecture. FRANCE 24 fait le point sur les retraits, les maintiens et les alliances nouées dans plusieurs villes emblématiques.
Deux jours après le premier tour des élections municipales, les candidats qualifiés pour le second round de dimanche ont, mardi 25 mars, déposé leur liste à la préfecture. Au prix, parfois, d’intenses tractations avec les listes n’ayant pas dépassé le seuil fatidique des 10 %.
La consigne de l'état-major du Parti socialiste (PS) de "tout faire" pour empêcher le Front national (FN) de gagner des villes a été dans sa grande majorité respectée. Là où il ne peut plus espérer l'emporter, le PS a donc demandé à ses candidats de se retirer s'il existe "un danger" de victoire frontiste. Seule exception notable : le refus du candidat socialiste à Béziers d’abandonner malgré la percée du parti de Marine Le Pen dimanche dernier.
Arrivé en tête dans au moins 21 communes, le FN sera normalement présent au second tour dans 315 communes, loin devant son record de 1995 (119), d'autant que la direction de l'UMP rejette aujourd'hui toute alliance avec lui. Ces triangulaires peuvent s'avérer dangereuses pour le parti de Jean-François Copé, et le priver de nombreuses reconquêtes de municipalités gagnées par la gauche en 2008.
Revue de détails des alliances, retraits et maintiens qui peuvent faire basculer la donne dans plusieurs villes.
• LES MAINTIENS
BÉZIERS (Hérault) : le candidat PS refuse le "front républicain"
Rejet du "front républicain" pour Jean-Michel Du Plaa, tête de liste d'union de la gauche qui a annoncé se maintenir au second tour de l'élection municipale à Béziers, où Robert Ménard, soutenu par le FN, est arrivé en tête au premier tour avec 44,88 % des suffrages devant l’UMP Elie Aboud (30,16 %). Le socialiste, qui conduira une liste constituée avec le Front de gauche, ne dispose toutefois plus de l'investiture de son parti, a affirmé le porte-parole du PS, David Assouline. Ce dernier lui a redemandé de "ne pas déposer" sa liste pour le second tour.
DUNKERQUE (Nord) : Le maire socialiste sortant Delebarre refuse "d’abandonner"
Candidat à un cinquième mandat, le maire socialiste de Dunkerque, Michel Delebarre, se maintient au second tour des municipales. Arrivé en deuxième position avec 28,86 % des suffrages, l’ancien ministre de François Mitterrand est nettement devancé par son ancien adjoint sous l'étiquette divers-gauche, Patrice Vergriete (36,05 %) et talonné par le candidat FN, Philippe Eymery (22,59 %).
FRÉJUS (Var) : L’UMP refuse tout accord
À Fréjus, où le jeune conseiller régional du FN, David Rachline, a raflé 40,3 % des voix au premier tour, l’UMP Philippe Mougin, arrivé deuxième avec 18,85 %, a déposé sa liste pour participer au second tour des municipales à Fréjus. Le candidat a appelé l'ex-maire divers droite, Elie Brun (17,61 %) et la candidate socialiste, Elsa Di Méo, menant une liste sans étiquette (15,58%) "à prendre leurs responsabilités".
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GRENOBLE (Isère) : Le candidat PS rejette une alliance avec EELV
Arrivé deuxième avec 25,31 % des voix, le candidat PS à la mairie de Grenoble, Jérôme Safar, refuse de fusionner sa liste avec celle d'EELV et du Parti de gauche menée par Eric Piolle (29,41 %). Son maintien donnera donc lieu à une quadrangulaire avec le candidat de l'UMP Matthieu Chamussy (20,86 %) et celle du Front national Mireille d'Ornano (12,56 %).
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MONTPELLIER (Hérault) : Le dissident PS maintient sa candidature, second tour à quatre
Le dissident socialiste Philippe Saurel, arrivé deuxième au premier tour de l'élection municipale à Montpellier avec 22,94 % des suffrages, refuse les alliances proposées tant par le PS Jean-Pierre Moure (25,27 %) que par l’UMP Jacques Domergue (22,72 %). Le second tour opposera donc ces trois candidats ainsi que la candidate du FN, France Jamet (13,80 %).
• LES ALLIANCES
AVIGNON (Vaucluse) : PS-EELV et Front de gauche s’accordent
La liste PS-EELV, conduite par Cécile Helle, et la liste Front de gauche, conduite par André Castelli ont annoncé leur fusion pour le second tour. Le candidat FN, Philippe Lottiaux, est arrivé en tête de ce premier tour avec 29,63 % des voix devant la candidate socialiste (29,54 %), le candidat UMP Bernard Chaussegros (20,91 %) et le candidat du Front de gauche (12,46 %).
CARCASSONNE (Aude) : Divisée, la droite se retrouve pour battre le PS
Candidats rivaux de la droite, l’UMP Isabelle Chesa (18,08 %) et le dissident Gérard Larrat (18,90 %) ont trouvé un accord afin de ravir au député-maire PS, Jean-Claude Perez (28,17 %), la ville de Carcassonne. La liste FN menée par Robert Morio y a recueilli 21,87 % des suffrages.
LA ROCHELLE (Charente-Maritime) : le socialiste dissident s’allie aux Verts
Le socialiste dissident Jean-François Fountaine (28,8 %) paraît en bonne posture pour le second tour à La Rochelle après la fusion annoncée avec la liste EELV (6,05 %) qui a obtenu quatre sièges en position éligible. Il talonnait la candidate officielle PS, Anne-Laure Jaumouillié (30,2 %).
MARSEILLE (Bouches-du-Rhônes) : une guériniste avec Gaudin, grandes manœuvres au PS
Considérée comme une proche de l’ancien ténor socialiste Jean-Noël Guérini, Lisette Narducci a annoncé une fusion de sa liste avec celle de l'UMP, menée par le maire sortant de Marseille, Jean-Claude Gaudin (37,64 %). Au premier tour, la maire sortante PRG du 2e secteur a recueilli 23,81 % des voix, se plaçant en deuxième position derrière l'UMP Solange Biaggi (24,18 %) et devant le PS Eugène Caselli (17,46 %).
Le candidat du PS Patrick Mennucci, arrivé troisième avec 20,77 %, très loin derrière Jean-Claude Gaudin mais surtout derrière le FN Stéphane Ravier (23,16 %), a essuyé un refus de ralliement de la part de Pape Diouf, l'ancien président de l'Olympique de Marseille, qui a recueilli 6,4 % sur l'ensemble de la ville. Le candidat du Front de gauche Jean-Marc Coppola (7,1 %) lui a toutefois apporté son soutien.
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NANTES (Loire-Atlantique) : Fusion des listes PS et EELV malgré le désaccord sur Notre-Dame-des-Landes
La liste socialiste de Johanna Rolland (34,51 %) et celle d’EELV de Pascale Chiron (14,55 %) ont finalisé un accord de fusion pour le deuxième tour à Nantes, où se joue la succession de l’actuel Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. La question du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, auquel s'oppose EELV, tandis qu'il est soutenu par les socialistes, a été longuement discutée pour aboutir à une fusion des listes. La candidate divers droite Sophie Van Goethem (5,58 %) a appelé ses électeurs à voter pour Laurence Garnier (24,16 %) au second tour, sans pour autant fusionner.
PARIS Ve : la candidate UMP et le dissident Tiberi font liste commune
Pour contrer la candidate PS-PCF-PRG, Marie-Christine Lemardeley, arrivée en tête avec 33,94% des voix, la candidate UMP-Centre dans le Ve arrondissement de Paris, Florence Berthout (28,49 %), a annoncé avoir conclu un accord d'union avec le dissident Dominique Tiberi (19,43 %).
PARIS XIVe : La dissidente UMP Carrère-Gée rejoint NKM
La candidate UMP dissidente du XIVe arrondissement de Paris, Marie-Claire Carrère-Gée, fusionnera sa liste avec celle de Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), qu'elle n'a cessé tout au long de sa campagne de qualifier de "parachutée". L'ancienne collaboratrice de Jacques Chirac à l'Élysée a obtenu au premier tour des municipales 5,74 % des voix, loin derrière NKM (33,10 %), elle-même distancée par la candidate PS Carine Petit (37,89 %).
RENNES (Ille-et-Vilaine) : Une alliance PS-EELV-Front de gauche jugée "historique"
Arrivée en tête à Rennes avec 35,57 %, la liste socialiste menée par Nathalie Appéré fusionnera avec celle regroupant EELV et Front de gauche. La candidate socialiste a accepté d'incorporer des propositions de son nouveau partenaire à son programme municipal. Une alliance qui laisse peu de chances au candidat UDI-UMP-Modem, Bruno Chavanat (30,12 %), de remporter le scrutin.
ROUEN (Seine-Maritime) : Regroupement PS-EELV
La liste PS-PCF du maire socialiste de Rouen, Yvon Robert, a fusionné avec la liste d'EELV en vue du second tour de l’élection municipale. Le maire sortant est arrivé en tête du premier tour avec 30,24 % des suffrages, tandis que la liste écologiste de Jean-Michel Bérégovoy, neveu de l'ancien Premier ministre, était arrivée en cinquième position, derrière les listes de l'UMP, de l'UDI, et du FN, avec 11,09 %. Du fait de ce regroupement, EELV pourrait récupérer 11 sièges au conseil municipal, dont 5 postes d'adjoint sur les 42 sièges que pourrait briguer la liste de gauche en cas de réélection. Le PC obtiendrait six sièges.
TOULOUSE (Midi-Pyrénées) : PS et EELV fusionnent
Arrivé deuxième derrière la liste UMP-Modem-UDI menée par Jean-Luc Moudenc (avec 38,2 % des suffrages), le maire socialiste sortant de Toulouse, Pierre Cohen (32,26 %), a annoncé la fusion de sa liste avec celle des Verts d’Antoine Maurice (6,99 %). Les écologistes y disposent de huit places éligibles. De son côté, le candidat du Parti de gauche, Jean-Christophe Sellin (5,10 %), a annoncé qu'il ne donnerait pas de consigne de vote pour le second tour.
• "FRONT RÉPUBLICAIN"
BRIGNOLES (Var) : retrait du candidat PS pour barrer la route au FN
Jean Broquier, dont la liste de gauche est arrivée en troisième position de l’élection municipale de Brignoles (27,3 %), derrière le FN (37 %) et l'UMP (35,5 %), a annoncé son retrait de la course après le refus de la candidate de droite, Josette Pons, de constituer une liste de "rassemblement républicain".
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CHENÔVE (Côte d’Or) : désistement du candidat UMP pour empêcher une victoire du FN
Le candidat UMP aux municipales à Chenôve, Pierre Jacob, retire sa liste au second tour, fustigeant une "guerre dans les urnes" à gauche, qui "laisse la voie grande ouverte au FN". Au premier tour, le maire PS sortant Jean Esmonin est arrivé en tête avec 35,47 % des voix, devant le dissident Roland Ponsaa (25,96 %). Le candidat FN Philippe Cherin est arrivé en troisième position (18,59 %), suivi par Pierre Jacob (15,87 %).
PERPIGNAN (Pyrénées-Orientales) : le candidat PS se retire pour faire barrage au FN
Le candidat socialiste à la mairie de Perpignan, Jacques Cresta, troisième au premier tour des municipales avec moins de 12 % des voix, a annoncé le retrait de sa liste au second tour pour faire barrage au Front national. Le vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot, en tête avec 34,20 %, sera donc opposé au maire sortant UMP, Jean-Marc Pujol, et tentera de faire de la capitale des Pyrénées-Orientales et ses quelque 120 000 habitants la plus grosse prise de son parti aux municipales.
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SAINT-GILLES (Gard) : le maire socialiste sortant se désiste au profit de l'UMP-UDI
Conformément aux directives du Parti socialiste, le maire sortant Alain Gaido a annoncé retirer sa liste du second tour de la municipale de Saint-Gilles. Arrivé troisième du scrutin (23,14%) derrière la liste UMP-UDI d'Eddy Valadier (25,36 %), le candidat PS a appelé à voter contre le député FN, Gilbert Collard, arrivé en tête avec 42,57 %.
TARASCON (Bouches-du-Rhône) : Le candidat divers-droite se retire "par ordre républicain"
Le candidat divers-droite aux municipales de Tarascon Jérôme Grangier, arrivé troisième au premier tour derrière la candidate FN Valérie Laupies (39,24 %) et l’autre candidat divers-droite Lucien Limousin (33,98 %), se retire du second tour. "J'ai pris la décision de me retirer, par ‘ordre républicain’. Je ne suis pas propriétaire des voix des électeurs ayant voté pour moi, chacun votera en son âme et conscience pour l'intérêt de Tarascon", a déclaré celui qui a récolté 16,97 % des voix.
Sigles :
EELV : Europe Écologie-Les Verts
FN : Front national
PCF : Parti communiste français
PRG : Parti radical de gauche
PS : Parti socialiste
UDI : Union des démocrates et indépendants
UMP : Union pour un mouvement populaire