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Opération de police à Calais, près de 200 migrants arrêtés

À Calais, la police a arrêté mardi environ 200 personnes dont de nombreux candidats à l'immigration vers la Grande-Bretagne. Un coup de filet visant à démanteler les réseaux de passeurs selon le ministre de l'Immigration, Éric Besson.

REUTERS - Près de 200 migrants ont été interpellés mardi lors d’une opération de police à Calais, par où transitent de nombreux candidats à l’immigration vers la Grande-Bretagne.

Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a expliqué en marge d’une conférence de presse à Paris que l’opération visait à démanteler les réseaux de passeurs d’immigrants illégaux, et non à arrêter les étrangers en situation irrégulière.

Selon la préfecture du Pas-de-Calais, quelque 150 personnes, essentiellement des Afghans, ont été arrêtées dans la zone industrielle des Dunes, surnommée « la jungle », où campent de nombreux migrants illégaux. Près de 300 policiers et gendarmes, sur les 500 mobilisés en tout, ont été déployés pour cette seule opération, menée sur réquisition du parquet de Boulogne-sur-mer.

Quarante-quatre autres sans papiers ont été arrêtés lors d’opérations menées sur des aires d’autoroutes du département.

Les quelque 200 migrants ainsi arrêtés ont été transférés et placés en garde à vue à Boulogne, Calais, Coquelles et Lille, après l’opération, qui a commencé vers 05h00 GMT (03h00 GMT) et s’est achevée vers 08h30 GMT (06h30).

« Il ne peut être dit ou suggéré qu’à Calais les passeurs et les trafiquants font la loi et, de ce point de vue-là, il fallait que l’Etat marque sa détermination », a dit Eric Besson.

Le ministre doit se rendre jeudi à Calais, où il présentera des mesures pour régler le problème d’afflux d’immigrés souhaitant gagner le Royaume-Uni, notamment sur les passeurs.

Lors d’une visite d’un commissariat à Nice, la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie a précisé que des identités de plusieurs centaines de personnes avaient été vérifiées.

"Opération de nettoyage"

Sylvie Copyans, secrétaire adjointe de l’association « Salam », très active auprès des migrants du Calaisis, a dénoncé pour sa part une « opération de nettoyage ».

« Deux gros bulldozers jaunes étaient prêts et les forces de l’ordre avaient déposé deux bennes à l’entrée du campement. Le but n’était pas seulement d’interpeller, ils étaient venus pour détruire les cabanes installées mais notre présence a gêné », a-t-elle raconté. « Ça m’étonnerait que les personnes arrêtées soient 150 passeurs ».

Elle a jugé « troublante » la coïncidence avec la visite d’Eric Besson. « Le campement concerné, où une mosquée de fortune a été installée, est le plus grand et le plus visible », a-t-elle dit, précisant que l’opération s’était déroulée dans le calme.

« Les migrants ne se rebellent pas, ils savent qu’ils ont tout à y perdre. Ils sont retournés dans leur cabane dès le départ des forces de l’ordre », a-t-elle rapporté.

Le tête de liste du Parti socialiste pour les élections européennes en Ile-de-France, Harlem Désir, a dénoncé pour sa part une « mise en scène médiatique déplorable » avant la visite d’Eric Besson dans la région.

« La politique de stigmatisation permanente des étrangers et de leurs familles contribue à instaurer un climat xénophobe insupportable dans notre pays », ajoute dans un communiqué l’ancien président de SOS Racisme.

Eric Besson, qui est lui-même un ancien membre du PS, s’est dit « choqué » par les propos d’Harlem Désir qui font selon lui un « amalgame surprenant » entre cette opération et la politique migratoire du gouvernement.

Les migrants qui cherchent à passer clandestinement en Grande-Bretagne sont de plus en plus nombreux dans la région de Calais, ont récemment observé les bénévoles des associations humanitaires qui leur viennent en aide.

Fin mars, Joël Loeuilleux, le responsable de la Ligue des droits de l’homme à Calais, estimait leur nombre à 700 environ, notamment des Afghans, des Erythréens et des Kurdes Irakiens.

Dans les bois qu’occupent les migrants à la sortie de la ville, les cabanes se sont multipliées.

Le centre de la Croix-Rouge de Sangatte, qui accueillait les candidats à l’immigration auparavant, avait été fermé en 2002 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur.