Abstention, poussée du Front national, déroute du Parti socialiste... Au lendemain du premier tour des élections municipales, FRANCE 24 résume les principaux éléments à retenir de ce scrutin.
À l’issue du premier tour des élections municipales, l’exécutif a subi un sérieux revers. L’abstention record et la poussée du Front national sont un avertissement lancé par les Français à l’égard du pouvoir. Alors que la droite est nettement en tête, la gauche recule de cinq points par rapport aux élections de 2008. Selon des résultats consolidés du ministère de l'Intérieur, la droite obtiendrait 46,54% des voix au premier tour, la gauche 37,74% et le FN 4,65%.
• Un taux d’abstention record
Les électeurs ont boudé les urnes. Même si un fort taux d’abstention était prévisible, celui-ci a battu un nouveau record. D’après le ministère de l’Intérieur, il a atteint 35,87% contre 33,46%, il y a six ans. En ne se rendant pas aux bureaux de vote, les Français ont exprimé leur mécontentement face à un exécutif très impopulaire. Après deux ans de mandat, le président socialiste François Hollande est au plus bas dans les sondages.
"Cette abstention est trop élevée. C'est incontestablement un message envoyé par nos concitoyens", a ainsi commenté le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. "Certains électeurs ont exprimé, par leur abstention ou leur vote, inquiétudes, voire doutes", a également réagi le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
• Le Front national comme troisième force politique
Le vote sanction est également exprimé par la forte poussée du Front national, qui s’impose comme la troisième force politique du pays. Le parti de Marine Le Pen a réalisé des scores supérieurs aux prévisions. "C'est la fin de la bipolarisation de la vie politique française. Le FN arrive comme une grande force autonome" a-t-elle d’ailleurs déclaré sur TF1.
À Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), cible prioritaire du FN, Steeve Briois, secrétaire général du parti, a réalisé une performance historique en se faisant élire dès le premier tour, avec 50,26% des voix. À Perpignan, Avignon, Forbach, Béziers, Fréjus, Tarascon, le FN est aussi arrivé en tête du premier tour et se montre en mesure d'apporter d'autres victoires au parti de Marine Le Pen à l’issue du second tour.
• La droite en tête, la gauche désavouée
Même si l’UMP et ses alliés de l’UDI sont bousculés dans certaines villes par le FN, ils sortent globalement vainqueurs de ce premier test électoral pour François Hollande, avec 46,54% des voix, selon le ministère de l’Intérieur. Pour le président de l’UMP Jean-François Copé, "les conditions d'une grande victoire" de la droite sont réunies. Des figures du parti ont été réélues dès le premier tour, Alain Juppé à Bordeaux, Edouard Philippe au Havre, Christian Jacob à Provins, Laurent Wauquiez au Puy-en-Velay, Xavier Bertrand à Saint-Quentin, Eric Woerth à Chantilly et François Baroin à Troyes. Niort a basculé à droite après presque 60 ans de gouvernance de la gauche, tandis que Strasbourg et Toulouse, que le PS avait enlevées à la droite en 2008, pourraient bien échapper au parti présidentiel.
Le Parti socialiste encaisse ainsi le choc de plein fouet. Même dans les villes que la gauche ne perd pas, elle perd de l’influence : à Nantes, la candidate PS Johanna Rolland, adoubée par Jean-Marc Ayrault, perd 20 points par rapport à son mentor en 2008 ; à Lille, Martine Aubry en perd 12 et à Lyon Gérard Collomb est en ballottage, alors qu'il était passé dès le premier tour la dernière fois.
• Le PS à la peine à Marseille, mais toujours en position favorable à Paris
Symbole de cette déroute de la gauche, Marseille, où les socialistes fondaient de grands espoirs. La cité phocéenne devrait rester aux mains de Jean-Claude Gaudin (UMP), qui arrive largement en tête avec plus de 38% des voix devant le FN Stéphane Ravier (plus de 22%). Le candidat PS Patrick Mennucci n'arrive qu'en troisième position avec 21%. À Paris, la socialiste Anne Hidalgo (34,4%) a elle aussi été devancée par sa rivale UMP Nathalie Kosciusko-Morizet (35,64%). Mais le PS devrait toutefois s’imposer dimanche prochain, la candidate de la droite étant en effet devancée dans les arrondissements clés, le 12e et le14e , qui sont deux gros pourvoyeurs de conseillers de Paris.
• La droite reste sur la ligne du "ni-ni"
D’après un comptage de l’AFP, 114 villes de plus de 30 000 habitants (sur 270) pourraient être le théâtre de triangulaires au second tour, qui opposeront majoritairement la gauche, la droite et le FN. Alors que le PS a d'ores et déjà appelé au front républicain pour faire barrage au parti de Marine Le Pen, l’UMP reste fidèle à sa ligne depuis 2001, le "ni-ni" : ni PS, ni FN. "Nous nous sommes tous mis d'accord à l'UMP pour refuser toute alliance avec le Front national et refuser le front républicain", a annoncé Henri Guaino, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy et député des Yvelines.