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Le président Nicolas Sarkozy présente ce mardi son nouvel arsenal sécuritaire, véritable plan "anti-bande". Ces mesures, peu convaincantes selon les syndicats de magistrats, n'ont pas tardé à provoquer l'ire de l'opposition.

À deux mois des élections européennes, Nicolas Sarkozy donne un nouvel élan au thème qui l’a porté au pouvoir en 2007 : l’insécurité en France. A Nice, ce mardi, en compagnie des ministres de l’Intérieur, du Budget et de la Justice, il présente son nouvel arsenal sécuritaire.

Dessiné par le député-maire UMP Christian Estrosi mais imposé dans les grands lignes par le président la République, ce projet de loi, qui devrait être présenté au Parlement d’ici fin avril, devrait renforcer tout particulièrement la législation "anti-bande".

Un nouveau délit, puni de trois ans de prison, réprimerait, selon l’Elysée, le fait de "faire partie en connaissance de cause d'un groupement, même formé de façon temporaire, poursuivant le but de commettre des atteintes volontaires contre les personnes et les biens".

Une mesure jugée "inutile et répétitive" par les syndicats de magistrats et certaines organisations de policiers. De fait, un délit "d'association de malfaiteurs" est déjà prévu dans le code pénal et commettre des infractions "en bande organisée" ou "en réunion" est déjà une circonstance aggravante.

Le projet de loi interdit également le port de cagoule et renforce la protection des enseignants et des établissements scolaires. "Dorénavant, ce sera un délit d'envahir un établissement scolaire", passible de sept ans de prison et 100 000 euros, expliquait ainsi mardi Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement.

Timing parfait pour Sarkozy… et l’opposition

Les derniers chiffres révélés par la sous-direction de l'information générale (ex-RG) - qui a recensé en mars 33 rixes entre bandes contre 19 en février - pourraient donner raison à ces changements du code pénal mais ils nourrissent aussi les attaques de l’opposition contre la politique sécuritaire du gouvernement.

Martine Aubry, secrétaire générale du Parti socialiste, n’a pas laissé passé l’occasion et a affirmé le 14 avril que "l'échec en matière de sécurité [était] patent pour Nicolas Sarkozy".

Estimant que depuis 2002, en tant que ministre de l'Intérieur puis comme président de la République, "Nicolas Sarkozy est chargé de la sécurité des Français", la patronne du PS a ajouté: "Cela fait un septennat d'instrumentalisation maximale des problèmes de sécurité avec des résultats a minima."

Même son de cloche du côté du Modem et du Front National qui s’insurgent aussi de voir Nicolas Sarkozy ressortir du placard le thème de l’insécurité à l’approche d’une élection. "Comme chaque fois que les résultats économiques ne sont pas là, ils mettent en scène des histoires sécuritaires", s’indigne ainsi François Bayrou, président du Modem.