
Une équipe de scientifiques s'est intéressée à une super-tempête solaire survenue en juillet 2012 et qui a failli toucher la Terre. Pour ces spécialistes, notre planète a échappé de peu à une catastrophe majeure. D’autres sont moins alarmistes.
Ce n’est pas une prédiction maya qui a failli changer la face du monde en 2012, mais plutôt le Soleil. C’est, du moins, l’avis d’une équipe internationale de scientifiques, auteurs d’une étude publiée mardi 19 mars dans le journal américain “Nature Communications”. Ils y affirment que la Terre a échappé, en juillet 2012, à une catastrophe naturelle aux conséquences économiques difficilement quantifiables.
Tout s’est passé dans la nuit du 22 au 23 juillet 2012, à 149 600 000 km de la Terre. Deux éruptions solaires se sont produites presque simultanément, sur la face cachée du Soleil, et ont entraîné une super-tempête solaire. Ce phénomène se caractérise par ce que les scientifiques appellent des éjections de masse coronale, qui ressemblent à des nuages de plasma et de gaz contenant un champ électromagnétique.
Ces éruptions solaires sont fréquentes et notre planète les sent généralement à peine passer. Mais celle de fin juillet 2012 a créé une tempête d’une vitesse rare : environ 2 000 km/seconde. “La plupart vont à quelques centaines de km/seconde, il s’agissait donc cette fois-ci d’une tempête particulièrement intense et la plus rapide observée depuis longtemps”, explique à FRANCE 24 Guillaume Aulanier, astrophysicien à l'Observatoire de Paris et spécialiste des éruptions solaires qui n’a, toutefois, pas participé à l’écriture de l’article de “Nature Communication”.
De multiples effets
La vitesse est l’un des principaux facteurs de la dangerosité de ces éruptions pour la Terre. “Plus les éjections vont vite, plus leur impact dans l’atmosphère est fort”, souligne Guillaume Aulanier. Mais ce n’est pas le seul facteur. L’orientation des champs magnétiques de la tempête et de la Terre au moment de l’impact entre aussi en compte. Dans le cas des éruptions de juillet 2012, le mariage de tous les facteurs aurait pu être explosif pour la Terre.
Onze jours plus tôt, en effet, une éjection de masse coronale était partie du même endroit sur le Soleil et avait atteint la planète bleue. “Il y a eu des perturbations des équipements électroniques [sur Terre] à cause de cette éruption”, rappelle Guillaume Aulanier. Elle était bien moins importante que celle de la nuit du 22 au 23 juillet. mA, à ce moment là, le Soleil avait tourné et le lieu de départ de la super-tempête ne pointait plus vers la Terre depuis neuf jours.
Heureusement, car, comme le souligne l’étude publiée à ce sujet, des phénomènes solaires d’une telle intensité peuvent causer bien des soucis à notre civilisation “hyper-electronique”. “Ces tempêtes peuvent abîmer les satellites en orbite, brouiller les communications entre la terre et ces satellites même s’ils ne sont pas endommagés. Ils peuvent provoquer des pannes de courant, et dégagent des rayonnements ionisants dangereux notamment pour les astronautes”, résume Guillaume Aulanier.
Le marronnier de la tempête de 1859
Pour l’étude de “Nature Communication”, l’éruption solaire de 2012 n’aurait rien à envier à celle de 1859. “C’est l’un des marronniers de l’astrophysique, c’est probablement la tempête solaire la plus violente à avoir frappé la terre”, note Guillaume Aulanier. À cette époque, les aurores boréales - l’une des conséquences visibles des tempêtes solaires - ont pu être vues depuis Cuba alors que généralement elles se cantonnent aux pays du Nord.
Cette comparaison permet aux auteurs de l’article d’estimer que l’économie mondiale aurait souffert d'une perte de l’ordre de 2 600 milliards de dollars (1 884 milliards d’euros) si la tempête de 2012 avait trouvé la Terre sur sa trajectoire. Ces prévisions catastrophiques se fondent sur les travaux d’astrophysiciens américains qui ont tenté de calculer les dégâts aux infrastructures électriques mondiales d’un “événement extrême de météo spatiale”, le coût des réparations et les conséquences économques indirectes de ces perturbations.
Guillaume Aulanier reste, quant à lui, circonspect à l’égard de ces estimations. “Des extrapolations à partir d’événements qu’on a plus ou moins bien mesurés sont difficiles à faire”, juge ce spécialiste, qui rappelle qu’on n’avait pas les outils pour quantifier correctement les effets de la tempête de 1859.