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Reportage : les Ukrainiens de Moscou dénoncent "la propagande de Poutine"

Alors que les relations diplomatiques entre la Russie et l'Ukraine sont particulièrement tendues en raison du référendum en Crimée, des milliers d'Ukrainiens continuent de vivre à Moscou. Notre reporter Ksenia Bolchakova est allée à leur rencontre.

Les Ukrainiens et les Russes sont deux peuples à l’histoire intimement liée. Le président russe Vladimir Poutine parle même d’une affaire de famille quand il évoque les relations entre les deux États. Des millions d’Ukrainiens ou de Russes d’origine ukrainienne vivent ainsi en Russie. Dans la capitale où ils sont 150 000 à résider, il s’agit de la deuxième communauté la plus importante. Après des semaines de tensions entre Moscou et Kiev autour de la question du rattachement de la Crimée à la Russie, notre correspondante Ksenia Bolchakova est allée recueillir leurs sentiments sur cette crise qui déchire leur patrie et leur pays d’adoption.

À l’ambassade ukrainienne, l’ambassadeur Volodymyr Yelchenko, nommé en 2010 par le président déchu Victor Ianoukovitch, représente aujourd’hui un gouvernement que les Russes ne reconnaissent pas. Dans son bureau, le téléphone diplomatique ne sonne plus et les contacts sont quasiment gelés avec les autorités russes.

"Tôt ou tard, il va falloir s’asseoir à la table des négociations. L’Ukraine ne va pas disparaître, nous restons voisins", constate-t-il. "Si j’avais Poutine en face de moi, je lui dirais : ‘Croyez-vous vraiment qu’après ce référendum nous pourrons continuer à vivre comme avant et comme des peuples frères?'".

Retourner en Ukraine

L’annexion de la Crimée est vécue comme une tragédie par beaucoup d’Ukrainiens de Moscou. Naturalisée russe il y a un an, Valerya Khloponina, une vendeuse venue en Russie pour travailler, critique ouvertement l’attitude du Kremlin : "Les chaînes d’État russes font de la propagande ! Poutine nous dit que ce qu’il se passe en Ukraine est illégal et que les fascistes ont pris le pouvoir ! Mais, c’est faux ! Et aujourd’hui, j’ai honte, j’ai vraiment honte d’avoir un passeport russe".

Face à cette situation, la jeune femme et sa mère envisagent de rentrer en Ukraine.  "Je n’avais jamais pensé de ma vie que la Russie et l’Ukraine pourraient se fâcher à ce point. Je suis très inquiète, et s’il y a la guerre, imaginez ! Mon père est en Ukraine, toute ma famille est là-bas !", explique Tamara Khloponina, qui travaille comme femme de ménage dans la capitale russe.

Alors que l’Ukraine a déjà perdu la péninsule de Crimée, elles espèrent désormais que l’Est du pays, dont elles sont originaires, ne suivra pas la même direction en décidant de se rattacher à la Russie.