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Crimée : 96,77 % des votants disent "oui" à la Russie, une "farce" selon Kiev

Par référendum, la République autonome de Crimée a voté massivement dimanche en faveur de son rattachement à la Fédération de Russie. Un scrutin non reconnu par Kiev et les Occidentaux, qui annoncent des sanctions contre Moscou.

Le Parlement de Crimée a officiellement proclamé, lundi 17 mars, l'indépendance de la péninsule et demandé son rattachement à la Fédération de Russie. Au lendemain du référendum sur le statut de la province, les 85 députés ont approuvé à l'unanimité ces décisions et ont également décrété la nationalisation de tous les biens de l'État ukrainien sur ce territoire situé au bord de la mer Noire, ainsi que l'introduction de la monnaie rouble. Le président du Parlement a, en outre, annoncé la dissolution de toutes les unités militaires ukrainiennes stationnées sur la péninsule.

C'est maintenant la Douma, chambre basse du Parlement russe, qui va se saisir du dossier. Elle doit achever la préparation du projet de loi sur l'intégration de la Crimée à la fédération. Le président russe, Vladimir Poutine, s'exprimera mardi devant cette assemblée, a annoncé lundi un vice-président de la Douma.

Un "Oui" massif

Dimanche, selon les résultats définitifs, les partisans du rattachement ont remporté une victoire massive : 96,77 % des électeurs, avec un taux de participation estimé à 83 %, ont voté en faveur de ce qui s'apparente à une annexion aux yeux de Kiev et des Occidentaux.

Ce résultat peut s'expliquer en partie par le boycottage du référendum par les minorités tatare et ukrainienne de la Crimée, habitée par une majorité d'Ukrainiens d'origine russe et russophones.

Lundi, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, n'a pas mâché ses mots : "La Russie cherche à couvrir son agression en Crimée par une grande farce nommée référendum qui ne sera jamais reconnu ni par l'Ukraine, ni par le monde civilisé." Dans un discours devant les députés, il a appelé à voter une mobilisation partielle de 40 000 réservistes de l'armée ukrainienne.

La crise diplomatique se poursuit

Ce référendum a été vivement dénoncé par les Occidentaux. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a assuré lundi que l'Union européenne allait envoyer "le message le plus fort possible" à la Russie en décidant d'imposer des sanctions. Il faut que Moscou "comprenne combien la situation est sérieuse" au lendemain du "soi-disant" référendum, a-t-elle affirmé avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.

Dimanche soir, le président américain Barack Obama a averti son homologue russe que les États-Unis et leurs alliés ne reconnaîtraient "jamais" le référendum sur la Crimée.

Londres a de son côté qualifié le vote de "farce", suivi par Paris qui a raillé un scrutin "sous la menace des forces d'occupation russes".

De même, le Japon a appelé la Russie à ne pas annexer la Crimée, et le Canada a évoqué l'"illégitimité" du "soi-disant référendum".

Cette crise diplomatique, la pire entre grandes puissances depuis la fin de l'Union soviétique en 1991, pourrait permettre à la Russie, une fois la Crimée absorbée, d'étendre son territoire pour la première fois depuis 1945.

Avec AFP