Les pro-Russes et les pro-Ukrainiens ont organisé à Simferopol, samedi 15 mars, leurs derniers rassemblements avant le référendum qui doit décider du rattachement de cette République autonome ukrainienne à la Russie.
"L’Ukraine, c’est fini ! Plus jamais on ne fera partie de ce pays. Avec ce qui se passe aujourd’hui, je me sens plus russe que jamais !". Loudmila Ivanovna ne mâche pas ses mots à la veille du référendum controversé qui décidera du sort de la Crimée, République autonome du sud de l’Ukraine, peuplée majoritairement de russophones. La retraitée de Simferopol se dandine sur de la musique traditionnelle russe en agitant un drapeau criméen sur la place Lénine, où le gouvernement régional a organisé un grand concert de soutien au référendum.
Des centaines de personnes se sont réunies, sous un soleil printanier, pour voir des troupes de danseurs costumés se produire sur la place Lénine, à Simferopol. Un spectacle aux allures de célébrations avant l’heure pour tous les habitants de Crimée qui souhaitent "rejoindre la maison Russie", comme dit Loudmila Ivanovna.
"On veut avant tout soutenir le droit et la constitution", se défend cette dernière. "Ce qui s’est passé à Kiev pourrait avoir lieu à Odessa, Kharkov, Lougansk… On refuse que les fascistes passent ici", ajoute la retraitée en faisant référence au mouvement qui a mené au renversement de l’ancien président Victor Ianoukovitch, le 22 février dernier.
Baroud d’honneur ukrainien
A quelques minutes de voiture de là, l’ambiance est radicalement différente chez les manifestants pro-Ukraine. Une petite centaine de manifestants armés du drapeau national jaune et bleu se sont donnés rendez-vous près du monument au poète nationaliste Taras Chevtchenko pour demander le respect de l’intégralité territoriale du pays. Ici, il n’y a pas d’écrans géants pour retransmettre les réjouissances. Les activistes pro-Ukraine n'ont qu'un mégaphone alors que les pro-Russes de la place Lénine ont un système de sonorisation professionnel.
Entre deux interventions d’activistes, les militants entonnent l’hymne national ukrainien mais le cœur n’y est plus. Certains se recueillent, des petits groupes discutent sur le côté de la manifestation mais plus personne ne semble se faire d’illusions.
"Je préfèrerais encore partir que de vivre dans une Crimée russe", confie ainsi à FRANCE 24 Oleksander Dyiedov, un habitant de Simferopol âgé de 20 ans. L’étudiant en géographie estime qu’environ 200 Ukrainiens ont déjà quitté la Crimée.
"Si je vais au centre-ville avec un drapeau ukrainien, je risque de me faire tabasser… et la menace ne vient plus seulement des cosaques ou des miliciens pro-russes. Tout ça à cause de cette propagande nous présentant comme des fascistes", explique Oleksander Dyiedov. "Aujourd’hui, il est devenu dangereux d’être Ukrainien en Crimée".
EN VIDÉO : PRO-RUSSIE ET PRO-UKRAINE SE MOBILISENT