
Vivendi a annoncé, vendredi, entrer en "négociations exclusives" avec Altice, la maison-mère de Numericable, balayant ainsi l’offre concurrente de Bouygues, soutenue notamment par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.
L’avenir de SFR semble se dessiner peu à peu. Conformément à ce qu’avait annoncé Arnaud Montebourg un peu plus tôt, vendredi 14 mars, Vivendi a annoncé être entré en "négociations exclusives" avec Altice, la holding luxembourgeoise qui détient le câblo-opérateur Numericable, dans le cadre de son projet de vente de SFR, numéro 2 du marché.
Selon une source proche du dossier, le vote en faveur de Numericable s'est fait "à l'unanimité", les membres du conseil ayant apprécié un projet rapide et qui donne des garanties sur l'emploi.
La période de négociations exclusives s'étalera sur une durée de trois semaines à l'issue desquelles le conseil de surveillance du groupe de télécoms et de divertissement fera part de sa décision. Les 14 membres du conseil - qui était réuni sous la houlette de Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance et de Vincent Bolloré, son futur successeur - ont "estimé que cette offre est la plus pertinente pour les actionnaires et les salariés du groupe et qu'elle offre la meilleure sécurité d'exécution", peut-on lire dans un communiqué du conglomérat.
Bouygues hors-jeu
Bouygues se retrouve donc, de fait, écarté malgré une offre à 11,3 milliards, revue à la hausse en milieu de semaine, et une proposition d'octroyer à Vivendi 43 % du capital de ce qu’aurait été le nouvel ensemble. Au total, le projet de Bouygues valorisait SFR à 15,5 milliards d'euros. Altice, pour sa part, a mis sur la table 11,75 milliards d’euros, avec une participation au capital de 32 %.
Cette décision représente une véritable déclaration d'indépendance de la part de Vivendi et un camouflet pour Bouygues qui manque ainsi l’occasion de passer numéro 1 du marché, devant Orange. Pourtant, le groupe de BTP et télécommunications disposait de deux soutiens de poids : Arnaud Montebourg au sein du gouvernement, et Xavier Niel, le fondateur du groupe Iliad, maison mère de Free, considéré comme le trublion du secteur.
Free également lésé
Ce dernier doit, lui aussi, accuser le coup. Troisième acteur de la bataille, Free avait beaucoup à gagner d’une éventuelle fusion entre SFR et Bouygues. Pour atténuer les réticences de l'Autorité de la concurrence, Bouygues avait, en effet, proposé un accord clef en main avec le groupe de Xavier Niel, auquel il aurait vendu la totalité de son réseau pour la somme de 1,8 milliard d'euros.
Avec la perte du rachat de SFR, Free devrait donc rester sous le contrat d’itinérance avec Orange qui lui permet actuellement d’utiliser une partie de son réseau 2G et 3G, le temps de compléter sa propre infrastructure. Un contrat très coûteux pour la firme de Xavier Niel. Chez l'opérateur historique, on évoque 1 milliard par an sur la durée du contrat d'itinérance, qui a débuté en 2012 et prendra fin en 2015.
Troisième scénario
Conséquence directe de l’annonce de Vivendi : à la Bourse de Paris, en milieu d’après-midi, les titres de Bouygues et d'Iliad étaient en chute respectivement de 7,38 % et 5,57 % tandis que celui de Numericable était propulsé en hausse de 11,67 % à 29,48 euros dans un marché en baisse de 1,02 %.
Reste que Vivendi peut encore surprendre en revenant à son projet initial, qui consistait à ne pas céder SFR et à introduire le groupe en Bourse, indépendemment de sa filiale télécom. Fin du suspens, début avril...
Avec AFP et Reuters