logo

Le gouvernement se retrouve dans l'embarras avec l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Jean-Marc Ayrault a reconnu que l'exécutif savait que l'ex-président était sous écoute, alors que Christiane Taubira et Manuel Valls ont nié être au courant.

Le gouvernement est bien embarassé. Interrogé sur le plateau du 20h de France 2, mardi 11 mars, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a reconnu que le gouvernement, et notamment la ministre de la Justice et lui-même avaient été informés du placement sur écoutes de Nicolas Sarkozy, sans en connaître le contenu depuis le 26 février. Or, un peu plus tôt , Christiane Taubira avait précisément affirmé le contraire.

Mardi soir, Jean-Marc Ayrault confirme que le gouvernement était au courant


Ayrault reconnaît être au courant des écoutes... par LeLab_E1

Un autre élément vient confondre la garde des Sceaux. Mercredi, le procureur général de Paris, François Falletti, a confirmé à la radio Europe1 avoir informé la Chancellerie le 26 février.

Dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné affirme également que Christiane Taubira disposait dès le 26 février d'informations sur ces écoutes, alors qu'elle a assuré n'en avoir pris connaissance que par la presse. Le Canard ajoute que Manuel Valls était lui aussi au courant du dossier avant même Mme Taubira, les officiers de police judiciaire devant "lui faire parvenir régulièrement leur rapport sur l'avancement de l'enquête".

Sur TF1 lundi soir, Christine Taubira affirme qu'elle ne savait rien avant le 7 mars


Écoutes de Sarkozy : Taubira "n'avait pas l... par LeLab_E1

Manuel Valls informé par la presse

Pour sa part, Manuel Valls a cependant assuré que l'information ne lui avait pas été communiquée à cette date par ses collègues. "Chacun reste dans son rôle", a-t-il dit.

Le ministre de l'Intérieur a ainsi maintenu sa position affirmant sur RTL qu'il avait été mis au courant par la presse, et pas avant, des écoutes visant Nicolas Sarkozy et son avocat. Il a expliqué avoir appris l'existence de ces écoutes "à l'occasion des révélations du Monde" le 7 mars.

Il a, par ailleurs, affirmé que François Hollande avait été mis au courant le 4 mars, date des perquisitions ayant visé l'avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, et le magistrat Gilbert Azibert, comme l'affirme Le Parisien mercredi. "Je crois que cette information est juste", a-t-il déclaré.

Colère de la droite

L'affaire qui éclate à une quinzaine de jours des municipales, suscite l'ire de la droite, qui demande à François Hollande de "s'expliquer devant les Français". "Trop, c'est trop, cette affaire est en train de revêtir une exceptionnelle gravité, c'est l'Etat de droit qui est désormais en cause", a ainsi estimé dans un communiqué le chef de l'UMP Jean-François Copé, évoquant une "affaire d'État qui s'apparente à un véritable espionnage politique".

Mais dans une lettre au président de l'Union syndicale de la magistrature (USM), Christophe Régnard, le chef de l'Etat écarte cette possibilité délcarant qu'il ne lui appartient pas "en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, de s'immiscer d'une quelconque manière dans une affaire judiciaire en cours".

Estimant que Christiane Taubira avait "menti", Jean-François Copé n'a également pas hésité à réclamer la démission de cette dernière.

De son côté, le chef de file des députés UMP Christian Jacob, jugeant l'affaire d'une "grande gravité", a demandé à Jean-Marc Ayrault de convoquer le Parlement actuellement en congés pour s'expliquer.

L'ex-Premier ministre UMP François Fillon a réclamé pour sa part une commission d'enquête parlementaire. "C'est la seule manière de sortir de la confrontation des positions", a-t-il dit à des journalistes. Des demandes rejetées par le Premier ministre.

Évoquant une manoeuvre de diversion de la droite, Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, a rappelé que le Parlement ne pouvait pas enquêter quand des faits sont instruits par la justice.

Avec AFP et Reuters