Le sort de Nicolas Sarkozy, mis sur écoute dans le cadre d’une enquête judiciaire sur le financement de sa campagne de 2007, divise les éditorialistes français. L’ex-président est tantôt vu comme un "parrain", tantôt comme la victime d’une "traque".
Après la révélation, vendredi par "Le Monde", de la mise sur écoute judiciaire de Nicolas Sarkozy, l’ancien président est au cœur des médias samedi 8 mars, tantôt vilipendé pour son attitude de chef de clan, tantôt victimisé.
Pour "Libération", qui consacre sa une à l'affaire en usant du titre évocateur "Le parrain", ces récentes révélations donnent à voir Nicolas Sarkozy les traits d’un chef de la mafia.
"Nicolas Sarkozy a toujours méprisé la justice, celle qui ne servait pas ses intérêts ou qu'il ne pouvait pas instrumentaliser", détaille, dans les colonnes du journal, Eric Decouty. "Ce n'était pas un clan mais une clique qui était au pouvoir à l'Élysée. Des affidés, méprisant les institutions, plus influents et plus puissants que les ministres et qui, pour la plupart, tiraient leur légitimité non pas des urnes mais du seul bon vouloir de leur parrain".
"Acharnement politico-judiciaire"
Dans les colonnes de "Sud-Ouest", Yves Harté emploie la même rhétorique, estimant que "de quelque manière que l'on secoue le vieux sac d'un quinquennat calamiteux du point de vue de l'État de droit, les mêmes noms ressortent dans un dramatique bonneteau : Guéant, Hortefeux, Buisson, Pérol".
S'exprimant dans "La Charente Libre", le journaliste Dominique Garraud rappelle, quant à lui, l'animosité notoire entre les magistrats et Nicolas Sarkozy. Et de commenter : "Il flotte incontestablement un parfum de revanche et un zèle de nature à alimenter les accusations d'acharnement politico-judiciaire lancées par ses amis."
Ces accusations d’acharnement n’ont d’ailleurs pas tardé à voir le jour. En effet, l'enquête, diligentée par les deux juges Serge Tournaire et René Grouman, qui a mené à la mise sur écoute de l'ex-président est perçue, par certains, comme "une traque".
"L’homme à abattre"
Selon Yves Thréard, éditorialiste du "Figaro", Nicolas Sarkozy est de fait considéré par ses détracteurs comme "l'homme à abattre". "Aux yeux de François Hollande, c'est l'ennemi public numéro un […]. Face à pareil acharnement, on finit, avec raison, par voir la manœuvre politique partout. Celle d'un pouvoir affaibli qui vient de créer un nouveau parquet financier dont le premier dossier, comme par hasard, concerne Nicolas Sarkozy", écrit-il.
Dans "Le Télégramme", Hubert Coudurier voit "un homme traqué" tout en soulignant que l'on "connaît les rapports tumultueux avec l'institution judiciaire" entretenus par l'ex-président.
Une conversation téléphonique entre Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog est à l’origine de l’ouverture d’une information judiciaire pour violation du secret de l'instruction et trafic d'influence. Lors de cet échange, les deux hommes évoquent un haut magistrat du parquet général de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, envisageant de le solliciter pour se renseigner sur une procédure en cours en lien avec l'affaire Bettencourt.
Avec AFP