![Témoignage d’un footballeur français qui a quitté l'Ukraine Témoignage d’un footballeur français qui a quitté l'Ukraine](/data/posts/2022/07/19/1658205086_Temoignage-d-un-footballeur-francais-qui-a-quitte-l-Ukraine.jpg)
Le championnat ukrainien de football est actuellement suspendu en raison des événements qui secouent le pays. Certains joueurs ont, par peur, décidé de partir. C’est notamment le cas du Franco-Ivoirien Franck Dja Djédjé. Il s’est confié à FRANCE 24.
Un an et demi après son arrivée surprise au Tchernomorets Odessa, ville côtière de la mer Noire, le footballeur Franck Dja Djédjé quitte l’Ukraine. Le natif d’Abidjan a décidé à l’instar de quatre autres de ses coéquipiers de résilier à l’amiable le contrat qui le liait au club ukrainien, au sein duquel il était arrivé en août 2012 en provenance de l’OGC Nice.
"Compte tenu de la situation politique extrêmement difficile en Ukraine et à Odessa, le flou entourant la reprise du championnat, le FC Tchernomorets a été contraint de répondre aux demandes persistantes des joueurs étrangers de l’équipe et de leurs familles qui sont extrêmement préoccupés pour leur sécurité. À cet égard, notre club a décidé de résilier le contrat d'un commun accord avec les joueurs suivants : Pablo Fontanel, Markus Berger, Anderson Santana, Franck Dja Djédjé et Lorenzo Riera. Merci de tout cœur à ces joueurs pour leur énorme contribution à la réussite de l'équipe ces dernières années", peut-on lire sur le site officiel du club ukrainien.
Il faut dire que la reprise du championnat national ukrainien après la pause de mi-saison a été reportée en raison des troubles et de l'intervention militaire russe en Crimée. "On ne peut pas disputer notre championnat national", a ainsi indiqué le président de la Fédération, tandis que toutes les équipes ukrainiennes engagées dans les compétitions européennes ont été éliminées.
C’est le cas notamment du Tchernomorets Odessa de Franck Dja Djédjé, éliminé par Lyon en seizième de finale de Ligue Europa. Rentré à Nice auprès de sa femme et de son fils le 5 mars, Dja Djédjé est désormais un "joueur libre." Il s’est confié en exclusivité à FRANCE 24.
FRANCE 24 : Comment s’est déroulé votre départ du club d’Odessa ?
Franck Dja Djédjé : Le club a vu que la situation dans le pays commençait à devenir très chaude. C’était dangereux. Pour ne pas pénaliser les joueurs qui ont peur pour leur famille et pour eux, les dirigeants du club ont voulu faire les choses dans les règles. On avait donc trois options : rester et s’entraîner à nos risques et périls, partir en vacances en attendant que l’on nous rappelle tout en n’étant pas payé et la troisième était de partir en résiliant à l’amiable. On a donc fait le choix de partir.
Comment avez-vous vécu ces derniers jours à Odessa ?
Les troubles commençaient à arriver à Odessa. Au départ, il y avait des petites manifestations, mais plus les jours avançaient , plus cela a pris de l’ampleur. Les bateaux russes commençaient à arriver sur les côtes et cela devenait de plus en plus délicat de s’entraîner.
Aviez-vous peur ?
Ce n’était pas facile. Tu ne peux pas t’entraîner sereinement car cela peut 'péter' à n’importe quel moment. Mentalement, c’est difficile mais on a essayé d’être professionnel jusqu’au bout. Le club a très bien réagi en prenant cette décision de résilier. Je suis désormais un joueur libre. Si un club est intéressé, je serais content de rejoindre une nouvelle équipe, notamment en France.
Comment viviez-vous cette situation avec vos coéquipiers ?
Entre joueurs, on n’en parlait pas trop. On faisait comme si de rien n’était. On en rigolait même, comme s'il n’y avait rien dans le pays. Mais c’est la mentalité russe. Ils font les ‘bonhommes’. Ils ne disent pas grand-chose. Ils ne prennent pas parti. Ils sont très fermés, ils ne laissent retranscrire aucune émotion. S'il faut faire la guerre, ils la font mais ils ne disent pas grand-chose. Ils sont assez fatalistes.
Au final, quel bilan tirez-vous de cette expérience en Ukraine ?
Au début c’était compliqué. Tu ne parles pas la langue, tout est différent. Cela ne ressemblait à rien de ce que je connaissais depuis que je suis professionnel. C’est dur ! Cela te forge le mental. Il faut être très costaud car malgré tout ce qui se passe autour, il faut faire le boulot. Au bout de six mois, j’avais envie de rentrer. Mais j’ai résisté et après ça allait mieux. Cette expérience va me servir. Maintenant plus rien ne peut m’atteindre.
VIDEO - But somptueux de Franck Dja Djédjé avec Odessa