Alors qu'un récent sondage donne le parti au pouvoir en Turquie en perte de vitesse, le Premier ministre Erdogan a annoncé qu’il était prêt à abandonner la politique s’il perdait les municipales du 30 mars.
"Si mon parti ne détient pas la première place au scrutin municipal, je suis prêt à renoncer à la politique", a déclaré, mercredi 5 mars, à Ankara, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Le chef de file du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir depuis 2002, est notamment fragilisé par un scandale de corruption depuis décembre.
Selon le dernier sondage de la société Sonar, la cote de l'AKP est en baisse à l’approche des élections, qui ont valeur de test pour le gouvernement. Le parti majoritaire remporterait aux alentours de 40 % des suffrages, contre près de 50 % lors des dernières législatives de 2011. Par ailleurs, tous les sondages réalisés depuis le 17 décembre notent la chute de la popularité d'Erdogan.
Des prévisions qui sonnent comme une sanction adressée au gouvernement, déjà visé par des manifestations d'ampleur en juin 2013. Depuis décembre, une série d’enquêtes anticorruption a en effet entraîné l’inculpation de plusieurs patrons, hommes d’affaires, élus et hauts fonctionnaires proches du régime.
Toutefois, à la faveur d'un changement des procureurs en charge des dossiers, tous les suspects incarcérés ont été remis en liberté la semaine dernière.
Erdogan se montre confiant
Un retournement de situation bienvenu pour Erdogan. Ce dernier tente d'ailleurs d'afficher une confiance sans faille dans le succès de son parti. "Les foules qui viennent à nos meetings politiques à travers le pays prouvent [que la cote de popularité de l’AKP n’a pas souffert]", a-t-il fièrement déclaré. Depuis son accession au pouvoir, l'AKP n'a perdu aucune élection.
D’après le Premier ministre turc, l’ouverture des enquêtes sur le scandale politico-financier ne serait qu’un "complot", une "tentative de coup d’État" fomentée par son ex-allié, l'influent prédicateur musulman, Fethullah Gülen à la tête du mouvement Gülen. "Cette organisation s'est infiltrée d'une façon sournoise" dans l'État, y créant un "État parallèle" pour le déstabiliser avant les municipales, a-t-il lancé mercredi, collant ainsi à une rhétorique désormais bien huilée.
Erdogan a dans le même temps fait savoir qu’il entendait mettre hors d’état de nuire la confrérie Gülen, après le 30 mars. "Nous allons agir avec plusieurs mesures", a-t-il déclaré, évoquant un "nettoyage" de l'appareil d'État.
Outre le scandale politico-financier, l’AKP s’est attiré les foudres de nombreux Turcs ces derniers mois, suite à la promulgation d’une loi controversée censurant Internet. Une série d’écoutes téléphoniques compromettantes, impliquant le Premier ministre et son fils Bilal, a également contribué à renforcer l’oppositon.
Avec AFP