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Jomaâ appelle les Tunisiens à faire des "sacrifices" pour redresser l'économie

D'après le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaâ, qui s'est exprimé lundi à la télévision, la situation économique du pays est telle que les Tunisiens vont devoir faire des sacrifices pour redresser les finances de l'État.

La Tunisie va devoir faire des "sacrifices". C’est le message qu’a fait passer, lundi 3 mars, le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaâ. D’après lui, la situation économique du pays est "difficile" et risque de devenir "catastrophique".

"En toute franchise, la situation est plus difficile que ce que nous croyions", a-t-il déclaré à la télévision tunisienne, un mois après avoir pris ses fonctions. "Il va nous falloir faire des sacrifices (...). On peut ignorer la réalité mais la réalité ne nous ignorera pas", a insisté le Premier ministre, qui a formé fin janvier un gouvernement apolitique après le départ du pouvoir de la coalition menée par le parti islamiste Ennahda.

Un trou de 4 milliards de dinars dans le budget de l'État

Selon Mehdi Jomaâ, il manque 4 milliards de dinars (1,8 milliard d'euros) dans le budget de l'État. "Nous ne savons pas d'où les ramener, il faut que nous trouvions les ressources. Nous avons l'intention de lancer une souscription pour financer les caisses de l'État mais ce n'est pas suffisant. J'ai l'intention d'aller dans les pays du Golfe, aux États-Unis et en France. Nous allons emprunter encore plus", a-t-il affirmé.

Le chef du gouvernement tunisien a également annoncé l’examen "au cas par cas" de la situation des compagnies publiques en difficulté comme la compagnie aérienne nationale Tunisair, qui demande une aide équivalant à "quatre fois son chiffre d'affaires". Autre mesure prévue par le gouvernement : le gel des recrutements dans la fonction publique, avec la promesse de ne pas baisser les salaires.

"Il faut que nous soyons sincères : pendant ces trois dernières années [depuis la révolution, NDLR], nous n'avons pas travaillé. L'administration n'a pas travaillé, les compagnies n'ont pas travaillé, nous n'avons pas respecté les lois. Ce n'était pas ce que nous attendions de la révolution (...). Une autre révolution nous attend, celle des mentalités", a-t-il lancé.

"Nous n'en avons pas fini avec le terrorisme"

Des conflits sociaux, alimentés par la pauvreté et le chômage, ont sans cesse agité le pays depuis la révolution. Environ 15 % de la population active est sans emploi, un taux qui dépasse les 30 % chez les diplômés. La Tunisie a de plus connu une année 2013 mouvementée, marquée par l'assassinat de deux opposants de gauche, la mort d'une vingtaine de militaires et de gendarmes dans des heurts avec des groupes djihadistes et une paralysie institutionnelle de plusieurs mois.

"La Tunisie est plus sûre qu'hier mais nous n'en avons pas fini avec le terrorisme. Restons prudents (...), le terroriste est traître, le terrorisme ne pardonne pas. Il faut que nous soyons préparés à d'autres coups", a prévenu le Premier ministre, qui a par ailleurs réitéré l'engagement de son gouvernement à respecter son mandat, à savoir l'organisation d'élections "transparentes" avant la fin de l'année.

Avec AFP