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Tensions franco-marocaines : des milliers de personnes manifestent à Rabat

Des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Rabat, mardi, dans un contexte de frictions diplomatiques franco-marocaines provoquées, notamment, par des propos "blessants" sur le royaume attribués à un diplomate français.

Au Maroc, en dépit des tentatives d’apaisement du président français François Hollande, l'affront ne passe pas. Des milliers de personnes ont manifesté, mardi 25 février, devant l'ambassade de France à Rabat, suite à la querelle diplomatique qui a nettement refroidi les relations des deux alliés ces derniers jours.

D'ordinaire bien cadrée, la relation entre le Maroc et la France a été malmenée depuis un dépôt de plaintes à Paris visant le patron du contre-espionnage marocain, mais aussi de déclarations prêtées à un ambassadeur français.

Le Maroc est une "maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre", aurait déclaré ce diplomate en 2011, selon une révélation provenant de l'acteur espagnol Javier Bardem, producteur d'un documentaire sur le Sahara occidental et bête noire de Rabat. D'après le journal "Le Monde", qui a rapporté ces propos, leur auteur serait l'ambassadeur auprès des Nations unies.

Après Rabat, qui a fustigé des propos "scandaleux" et "inadmissibles", des milliers de Marocains ont à leur tour marqué leur désapprobation, mardi après-midi, lors d'une manifestation qui s'est déroulée en ordre dispersé mais dans le calme devant l'ambassade de France, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Les mots utilisés par l'ambassadeur français sont des insultes pour le Maroc et tous les Marocains", a déploré Saïd Sebri, coordinateur d'un groupe de jeunes venus de Casablanca, la capitale économique.

La police, présente en nombre, s'est contentée de sécuriser les abords de la manifestation.

Une grave erreur de procédure

Ces révélations sur les propos du diplomate français viennent jeter de l’huile sur le feu, alors que Paris et Rabat ont déjà vu leurs relations détériorées jeudi dernier, avec l'annonce du dépôt, par l'ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat), de deux plaintes pour "complicité de torture" contre le Directeur général de la surveillance du territoire (DGST), Abdellatif Hammouchi.

Le Royaume s'est en particulier montré furieux de la descente effectuée ce jour-là par sept policiers à la résidence de son ambassadeur pour notifier à Abdellatif Hammouchi - en visite à Paris - une convocation émanant d'un juge d'instruction, sans passer par les canaux diplomatiques.

La procédure habituelle veut que dans ce contexte, la police contacte au préalable le Quai d’Orsay afin qu’il pilote les opérations. La diplomatie française a rapidement évoqué un "incident regrettable", promis que "la lumière" serait faite et a reçu l'ambassadeur marocain.

Mais le royaume a signifié qu'il jugeait cette démarche insuffisante et a décidé unilatéralement de reporter une visite de Nicolas Hulot, "envoyé spécial du président français pour la planète".

Depuis, une troisième plainte, pour "torture", a été déposée en France contre le patron du contre-espionnage marocain.

Avec AFP